David Gordon Green et sa bande, incluant son toujours étonnant collaborateur de longue date le comédien et scénariste Danny McBride, viennent insuffler un peu de crédibilité à leur désir de trilogie pour la franchise de films d’horreur Halloween, après une mise en bouche qui battait un peu de l’aile. Dommage toutefois que pour chaque bon coup, les stupidités ne sont jamais trop loin.
Si l’idée paraissait saugrenue et qu’elle enlève de beaucoup le suspense et les revirements possibles, il faut admettre qu’avec ce second opus d’une trilogie annoncée, on voit plus précisément le plan qu’avait derrière la tête l’équipe derrière la relance de la longue franchise Halloween, en lui redonnant une grande part de sa noblesse en revenant directement à la source. On en a souvent eu la preuve, les épisodes du milieu sont souvent les meilleurs et Halloween Kills, au-delà de son titre particulièrement stupide, ne manque certainement pas de jus, ni de chair.
Bien sûr, on veut en offrir pour son argent et on s’assure de livrer aux nombreux fans de la première heure ce qu’ils attendent. Il y a donc du gore, de l’hémoglobine et, pour faire honneur au titre, des morts (juste assez originales et pas trop tirés par les cheveux pour ne pas paraître risible) à profusion.
Il ne faut toutefois pas trop en attendre lorsqu’on essaie d’inclure des dialogues à l’ensemble ou de fouiller ne serait-ce davantage la psychologie des (trop) nombreux personnages, dont la plupart sont issus de l’imaginaire original. Il y a d’ailleurs un flashback non-fonctionnel, quoique compétent, (qui renferme d’ailleurs certainement la plus savoureuse surprise de l’ensemble pour tous les cinéphiles qui se respectent) qui essaie d’en beurrer plus épais côté justification des événements.
Au contraire, l’exercice s’avère toujours plus convaincant lorsqu’il plonge directement dans l’action (comme il en a sagement l’instinct en ouverture), plutôt que d’abuser inutilement des histoires parallèles en montage alterné, malgré plusieurs bonnes utilisations, il faudra l’avouer, comme c’était le cas plus tôt cette année dans A Quiet Place Part II. Cela porte également davantage à confusion, puisqu’on arrive encore mal à doser l’humour cabotin et le côté mélodramatique appuyé que le film essaie de faire à nouveau cohabiter, étirant inutilement la sauce pour ce long-métrage qui flirte avec une durée de deux heures.
Et si la présence ironiquement encore plus inutile et limitée que la dernière fois de Jamie Lee Curtis laisse à désirer (pourtant celle qui a permis d’apporter le plus grand point d’intérêt à ce projet de relance) qui joue de manière consternante encore la vieille folle hystérique qui ne fait aucun sens, c’est pourtant en multipliant les pistes narratives que le film trouve certainement son point d’ancrage le plus intéressant, soit, de finalement permettre à Michael Myers de devenir à ses heures le véritable protagoniste de sa franchise. C’est effectivement en sa compagnie que le film demeure le plus savoureux et le plus digne de faire honneur au film culte de John Carpenter qui délire encore au niveau de la trame sonore aux côtés de son fils Cody Carpenter et de Daniel A. Davies.
Pour le reste, l’intégralité de l’équipe technique a beau reprendre du service, incluant les jolies images de Michael Simmonds, on est constamment ramené sur terre d’une part par l’imbécilité des personnages et de leurs décisions (incluant cette redite loufoque d’un slogan qu’on semble scander comme s’il s’agissait d’un mot-clic de type #MeToo, tout comme de tout un segment d’hystérie collective dont on se passerait bien), mais aussi en nous rappelant les mauvais revirements du film précédent.
Halloween Kills demeure tout de même un divertissement qui fait le travail avec juste assez de compétences et de bons moments pour ne pas enterrer définitivement le projet. Si l’on a encore des doutes qu’il reste encore assez d’idées pour clore la boucle en un long-métrage complet, avec ce qu’on nous annonce comme étant la fin définitive, on se laissera porter par les nombreux amusants délires qu’on nous offrira ici.
6/10
Halloween Kills prend l’affiche en salles ce vendredi 15 octobre.