Vous allez mourir. C’est une réalité inévitable, autant dans la vie en général que dans Jupiter Hell, un jeu tactique au tour par tour développé par Chaos Forge qui mêle action, mais aussi réflexion dans un rogue-like qui rappellera les classiques du genre, en plus de déborder de références aux titres cultes des films et jeux d’action des années 1980 et 1990.
Votre vaisseau est abattu par les systèmes de défense automatisés qui devaient protéger votre base contre des ennemis, et non pas vous prendre pour cible. À l’intérieur, vos collègues sont soit morts, soit transformés en monstres sortis tout droit des enfers. Il vous faudra donc vous frayer un chemin, arme au poing, jusqu’au coeur de la base pour espérer s’en tirer. Mais pour cela, il faudra combiner intelligence, astuce et un grand amour pour Doom et autres jeux de tir à la première personne de la même époque.
Car oui, Jupiter Hell est très, très largement inspiré par la célèbre franchise développée par id Software. Après tout, qui dit base spatiale infestée par des démons, avec un space marine impatient d’en découdre, dit forcément Doom. Le jeu a d’ailleurs dû changer de nom, le titre original, DoomRL, ayant sans surprise attiré l’attention des avocats de Bethesda, propriétaires de la franchise, qui ont rapidement opposé une fin de non-recevoir au projet.
Après les modifications nécessaires, Jupiter Hell est débarqué sur les tablettes des détaillants numériques, et en version « complète », s’il vous plaît! Et le résultat? Étrangement jouissif, avec ses séquences d’action, ses démons qui explosent sous les tirs, ses one liners évoquant Duke Nukem, notamment, ou encore des films de guerre des années 1980 et 1990. Mais aussi difficile, voire frustrant, par moments.
Difficile, d’abord, parce que Jupiter Hell a beau placer des armes dévastatrices entre nos mains, en plus de faire résonner du métal dans nos oreilles, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un rogue-like, où le fonctionnement repose normalement sur le recommencement de l’aventure ou de la mission, après une balle perdue prise entre les deux yeux, ou des monstres en surnombre qui finissent par venir à bout de notre détermination – et surtout de notre capacité à tirer et recharger rapidement.
Puisque le jeu est au tour par tour, il ne faut certainement pas oublier que chaque action donne l’occasion aux ennemis de se rapprocher, de tirer ou de tenter d’attaquer au corps à corps. Que faire, alors, du temps qui nous est imparti? Faut-il tenter de se mettre à l’abri? Se tenir bien droit sur ses jambes et vider son chargeur comme un homme, un vrai (avant de mourir, quelques instants plus tard)? Il sera tentant d’agir comme dans Doom, justement, et de croire que l’on se trouve dans un jeu de tir à la première personne. Ce qui fera en sorte que la première partie de Jupiter Hell sera probablement très courte.
Ce qui est un peu frustrant, aussi, c’est qu’avec son esthétique très rétro – y compris avec un effet de courbure d’écran qui est franchement sympathique – et une conception des niveaux qui l’est souvent tout autant, le personnage incarné par le joueur est souvent attaqué par des monstres qui se terrent dans l’ombre, ce qui oblige à encaisser un, voire plusieurs coups avant de pouvoir réagir.
En fait, le nombre important de monstres qui errent dans les corridors ne semble pas spécialement adapté à la forme du titre. On comprend l’idée de reproduire les hordes de Doom, mais mourir bêtement au deuxième niveau, alors qu’on continue à apprendre à maîtriser les contrôles, donne l’impression que le jeu est artificiellement difficile. Et cela vaut également pour les touches à mémoriser, justement, les développeurs ayant abandonné la souris pour se concentrer uniquement sur le clavier.
Est-ce à dire que Jupiter Hell est un mauvais jeu? Pas du tout: simplement, il le faut le prendre pour ce qu’il est. Ce n’est pas Doom, après tout, qu’il s’agisse de la version originale ou de sa reprise, en 2016. C’est un titre qui s’inspire de Doom, qui est accompagné de ses propres codes et mécaniques, et qui est très efficace, malgré tout, sur le fond comme sur la forme.
Jupiter Hell
Développeur: Chaos Forge
Éditeur: Chaos Forge et Hyperstrange
Plateformes: Windows, Linus, Mac OS (testé sur Windows/Steam)
Jeu non disponible en français