La pandémie, avec son impact marqué sur les services d’expédition de colis, a représenté une conséquence inattendue pour les libraires indépendants canadiens, selon le plus récent rapport de l’organisation BookNet Canada. Ainsi, environ le quart (23%) des répondants d’un sondage effectué auprès de plus de 250 détaillants ont indiqué que leurs frais de livraison avaient bondi de 26%, ou plus.
En fait, le document indique que pour un peu plus de la moitié des entreprises interrogées (53%), les coûts d’expédition ont augmenté d’au moins 11%; au total 83% des détaillants ayant participé au coup de sonde ont fait état d’une hausse des frais d’envoi de leurs titres.
À l’autre extrémité du spectre, à peine 6% des libraires ont rapporté une baisse de leurs frais d’expédition, et aucun n’a fait état d’une telle baisse franchissant la barre des 26%.
Comme le précise BookNet, dans son rapport intitulé The State of Bookselling in Canada 2000, ces frais d’expédition comprennent les envois aux clients, mais aussi les retours aux distributeurs, le cas échéant.
En temps de pandémie, toujours, les libraires ont largement préféré le ramassage gratuit en magasin ou à l’extérieur des succursales (38%), avant de se tourner vers Postes Canada (27%), et la livraison locale gratuite (20%). Les services de livraison locale privés ferment la marche.
En tout, les grandes librairies ont consacré 7% de leurs dépenses de fonctionnement à la livraison, contre 3% pour les entreprises de petite et de moyenne taille.
Si cette proportion semble relativement faible, il s’agit pourtant d’une part importante des frais que doivent encaisser ces mêmes librairies. « L’expédition nous tue à petit feu. Les boutiques en ligne des éditeurs ne nous aident pas… D’autant plus qu’elles poussent les lecteurs à se tourner vers Amazon », a déclaré l’un des libraires interrogés par BookNet pour son rapport.
« En termes d’appui, afin de prendre de l’expansion, nous vendrions plus de livres s’ils coûtaient moins cher à expédier. Cela nous donnerait aussi l’occasion d’élargir notre bassin de consommateurs », lance un autre.
Parmi les témoignages reçus, plusieurs propriétaires de librairies réclament que le gouvernement fédéral maintiennent ses subventions pour le milieu, subventions qui ont aidé plusieurs entreprises à passer à travers la crise, et dont la disparition éventuelle inquiète justement le secteur, et redirige cet argent pour réduire les coûts d’expédition et de livraison.
« Les vrais coûts des achats en ligne et de l’expédition deviendront apparents en 2021 et au-delà. Il y avait tellement d’aide financière en 2020, soit directement ou via les éditeurs, que bien des coûts ont été compensés. La rentabilité sera un vrai problème », avance encore un libraire interrogé par BookNet dans le cadre de son enquête.
L’an dernier, la marge de profit moyenne des libraires indépendants du Canada anglais s’établissait à 41%. Un peu moins de la moitié des librairies (45%) a engrangé des revenus de 900 000 $ ou plus; pour 27% des répondants, les entrées d’argent tournaient évoluaient plutôt entre 150 000 et 449 999 $.