Ce mardi avait lieu le retour sur les planches de Clavecin en concert, à la Salle Bourgie, sous la houlette de son directeur artistique, le claveciniste Luc Beauséjour. Ce dernier était entouré d’une distribution très bien connue des amateurs de musique baroque du Québec avec la violoncelliste Amanda Keesmaat, le joueur d’archiluth Sylvain Bergeron et la soprano Karina Gauvin.
Disons-le d’emblée, le programme proposé nous donnait un très bel aperçu de la quintessence de la musique de chambre baroque. La plus belle part était faite aux airs pour soprano, mais chacun des trois instrumentistes a pu se faire valoir dans des œuvres pour violoncelle, archiluth et clavecin. Dans ce dernier cas, il s’agissait d’une transcription de Johann Sebastian Bach d’un concerto pour hautbois.
Il est toujours plaisant d’entendre nettement (enfin) la subtile sonorité de l’archiluth sous les doigts délicats et inspirés de Sylvain Bergeron. Malgré quelques petites imprécisions dans son interprétation des quatre pièces pour archiluth, Bergeron a fait en sorte que l’auditoire soit parfaitement silencieux. Nous avons vécu là un petit moment hors du temps.
De son côté, Luc Beauséjour n’a pas fait mentir sa réputation de claveciniste rigoureux, précis et expressif, autant dans les parties solos que dans l’accompagnement.
La virtuosité et l’intensité d’Amanda Keesmaat ont fait vibrer son violoncelle comme on imagine que le faisait Marin Marais avec sa viole de gambe. C’était vraiment très barrrrroque et très beau !
Et, comme on peut s’en douter, la grande Karina Gauvin a fait fondre plus d’un cœur par ses interprétations bien senties, émouvantes et même coquines. La variété dans les airs choisis lui a d’ailleurs permis de montrer plusieurs facettes de son grand talent.
Avec ces 80 minutes de très belle musique, sans entracte, les spectateurs en ont vraiment eu pour leur argent. Qui a dit qu’on avait besoin de plus de quatre musiciens offrir un magnifique programme?
Pièces jouées:
Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736) ? Air Se tu m’ami, se sospiri (s.d.)
Giovanni Battista Pergolesi Air A Serpina penserete (La Serva Padrona, 1733)
Christoph Willibald Gluck (1714-1787) Aria O del mio dolce ardor (Paride ed Elena, 1770)
Alessandro Marcello (1684-1747) Concerto pour hautbois, cordes et basse continue en ré mineur, transcrit pour clavecin seul par Johann Sebastian Bach (extraits) Adagio – Presto
Alessandro Scarlatti (1660-1725) Aria Toglietemi la vita ancor (Il Pompeo, 1682)
Alessandro Scarlatti Air Cara, cara e dolce (s.d.)
Alessandro Scarlatti Aria Gia il sole dal gange (L’Honestà negli amori, 1680)
Peter Philips (1560-1628) Variations pour clavecin sur l’air Amarilli, mia bella de Giulio Caccini (The Fitzwilliam Virginal Book)
Giulio Caccini (1551-1618) Air Amarilli, mia bella (Le nuove musiche, 1601)
Francesca Caccini (1587-1640) Air Io veggio i campi verggiar fecondi (Il primo libro delle musiche a una, e due voci, 1618)
Anonymes et Andrea Falconieri (v.1585-1656) Quatre pièces pour archiluth (in Giuseppe Antonio Doni, Libro di leuto, manus., 1620-1640) Toccata – Corrente francese – Corrente del Falconieri – Gagliarda
Andrea Falconieri (v.1585-1656) Air O bellissimi capelli (Libro primo di Villanelle, 1616)
Antonio Vivaldi (1678-1741) Sonate pour violoncelle et basse continue en la mineur (extraits) Largo – Allegro
Giovanni Bononcini (1670-1747) Air Per la gloria d’adorarvi (Griselda, 1722)
Antonio Caldara (1670-1736) Aria Sebben, crudele, mi fai languir (La costanza in amor vince l’inganno, 1710)
Giovanni Battista Pergolesi Air Stizzoso, mio stizzoso (La Serva Padrona)
Francesco Durante (1684-1755) Solfeggio Danza, danza, fanciulla gentile (s.d.)