Est-il possible qu’un album de bandes dessinées soit à la fois drôle, sérieux, dramatique, instructif et charmant ? La réponse est oui et la preuve en est le plus récent album de Simon Labelle, Ma vie en lo-fi.
Ce bédéiste primé, partage avec nous, en une soixantaine de planches, son apprentissage de la surdité. Il a beau mettre en garde le lecteur contre une généralisation de sa perception et de son vécu, il met assurément le doigt sur une multitude de situations et de sentiments qui sont partagés par de nombreuses personnes qui deviennent malentendantes.
Il y a d’abord les « mal entendu » qui mènent inévitablement vers les malentendus. Suivent les acouphènes, ces sons qu’on entend mais qui n’existent pas. Puis, la première visite chez l’otorhinolaryngologiste qui confirme le problème mais qui, du même coup, affirme que ce n’est pas assez grave pour qu’on puisse faire quoi que ce soit pour aider. Et avec le temps, l’incompréhension faisant souvent de la personne malentendante une personne incomprise, il y a toute une période d’adaptation, ponctuée de nouveaux appareils auditifs, de nouvelles pertes auditives mais aussi le retour audible de certaines fréquences. Ainsi, la vie continue.
Le dessin de Labelle est clair et sa mise en page est simple. Son propos est explicite et efficace sans être impersonnel. J’hésite entre un coup de cœur et un coup de tête mais je suis persuadé que voilà un livre à mettre entre les mains de tous les proches de ceux qui commencent à subir des pertes auditives et entre celles de tous les autres qui n’entendent rien à la surdité.
Publié aux éditions Mécanique générale.