Les astronautes de la mission SpaceX revenus sur Terre samedi soir veulent qu’on les décrive comme des gens « ordinaires » qui sont allés dans l’espace. Chose certaine, ils ont souffert des mêmes nausées que les « vrais » astronautes.
Ce qui montre « que les hommes et femmes moyens ne sont ni plus ni moins susceptibles au syndrome d’adaptation à l’espace que les astronautes de la NASA » s’est réjoui le directeur de la mission appelée Inspiration4.
Mais il s’agit d’une des rares choses qu’ils partagent avec le citoyen moyen, considérant que la facture, pour les quatre occupants, s’est élevée à des dizaines de millions de dollars pour trois jours en orbite —le premier voyage spatial de l’histoire à avoir eu lieu sans « astronaute professionnel » à bord.
La compagnie Axiom Space, qui emmènera l’an prochain quatre personnes sur la station spatiale (dont un astronaute professionnel) à bord de la même capsule Dragon que celle utilisée cette semaine, facture 55 millions$ par siège.
Il est vrai que, d’un point de médical, leurs nausées et autres malaises contiendront des données précieuses: depuis des décennies, les astronautes avaient en commun d’avoir été triés sur le volet, d’être en général en excellente forme physique, dans la quarantaine ou la cinquantaine et, dans la majorité des cas, d’être passés par une carrière militaire. L’une des quatre occupantes, Hayley Arceneaux, est médecin, la plus jeune Américaine à être allée dans l’espace (29 ans), une survivante du cancer et la première à être allée en orbite avec une prothèse —une tige de métal implantée dans sa jambe gauche après qu’on en ait retiré une tumeur.
Les autres occupants étaient un « artiste spatial », Sian Proctor, un vétéran de l’armée de l’air américaine, Chris Sembroski, et un milliardaire de la technologie, Jared Isaacman, qui a réservé ce vol en entier et payé le passage des trois autres. « Le premier pas vers un monde où n’importe qui peut aller et s’aventurer parmi les étoiles », a-t-il affirmé sans rire.
Comme si elle ne voulait pas être en reste devant ce « marché » du tourisme spatial, la Russie lance le mois prochain, à bord d’une capsule Soyouz, une actrice et un cinéaste vers la station spatiale internationale, où ils tourneront des scènes pour un film intitulé « The Challenge » — qui pourrait devenir le premier long métrage tourné en partie dans l’espace.
Reste que pour l’instant, on ne voit pas qui, à part des milliardaires ou des compagnies qui ont beaucoup de profits à leur disposition, pourra se payer de tels voyages. Et si jamais le marché se développe vraiment, se posera la question de l’empreinte carbone que laisseront ces « touristes ». Les mêmes qualificatifs de « nouvelle ère du tourisme spatial » avaient été entendus cet été, après les vols suborbitaux —plus de 100 km d’altitude, mais pas assez pour se mettre en orbite— des milliardaires Richard Branson, puis Jeff Bezos. Mais personne n’est pour l’instant en mesure de garantir que ce rêve soit, au-delà de ces brefs vols suborbitaux, vraiment réaliste.