Les attentes envers le prochain cycle de négociations sur les changements climatiques sont très élevées. Trop élevées? Le Détecteur de rumeurs fait le point.
1- La COP26, la plus importante rencontre sur le climat depuis l’Accord de Paris?
Ce qu’on appelle COP pour Conférence des parties, est la rencontre annuelle des 197 pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Elle se tient chaque automne, depuis 1994. Les pays les plus riches avaient signé une première entente sur la réduction des gaz à effet de serre (GES) en 1997, le Protocole de Kyoto, mais lors de la 21e conférence (COP21) à Paris en 2015, a été réalisée une première: tous les pays ont alors reconnu que le réchauffement de la planète ne pouvait dépasser 1,5 °C par rapport aux températures de l’ère préindustrielle, sous peine d’un avenir catastrophique. Ainsi est né le désormais célèbre Accord de Paris.
La COP26 se tiendra du 1er au 12 novembre à Glasgow, en Écosse. Organisée par le Royaume-Uni, c’est la première rencontre internationale sur le climat au cours de laquelle seront examinés les progrès accomplis depuis Paris.
Les signataires s’étaient alors entendus sur une foule de grands principes afin de limiter le réchauffement et de s’adapter à ses effets. Il avait par exemple été convenu de réduire les émissions de GES, d’augmenter le recours aux énergies renouvelables et de fournir de l’aide financière aux pays les plus vulnérables aux dérèglements climatiques. Mais surtout, tous avaient accepté de soumettre tous les cinq ans de nouveaux plans d’action climatique qui seraient plus ambitieux que les précédents. Leur première échéance est donc cet automne.
Vendredi dernier, en prévision de la COP26, un rapport de l’ONU faisait la synthèse des plans soumis jusqu’ici par 164 pays, dont le Canada et la France. En gros, les émissions de GES auront augmenté de 16% en 2030 si les pays s’en tiennent à ces promesses, ce qui est loin des réductions de 45% qui seraient nécessaires, selon les climatologues, pour ne pas dépasser le seuil de 1,5 degré.
2- La COVID: un acteur-clef de la COP26?
Normalement, cette COP de la reddition de comptes aurait dû se dérouler en novembre 2020. La pandémie de COVID-19 a forcé son report d’un an. Un délai qui pourrait avoir été un mal pour un bien, les pays ayant disposé d’une année supplémentaire pour se fixer de nouveaux objectifs de réduction des gaz à effet de serre.
Mais la pandémie est toujours d’actualité et pourrait influencer les négociations. À la mi-septembre, à peine 30% de la population mondiale était pleinement vaccinée contre la COVID-19. Pire encore, moins de 5% des habitants des pays en développement avaient bénéficié de ce privilège, ce qui laisse la porte ouverte à l’émergence et la diffusion de nouveaux variants. Dans ces circonstances, la lutte aux changements climatiques risque de ne pas être perçue comme une priorité par certains pays.
Cette inégalité d’accès aux vaccins a même conduit des intervenants, comme la militante suédoise Greta Thunberg, à demander de nouveau l’ajournement de la COP26, « pour que tout le monde puisse y participer dans les mêmes conditions ».
D’un autre côté, la pandémie pourrait avoir joué un rôle positif: en obligeant une partie de la planète à se mettre au télétravail, elle a permis de réduire de manière significative, en 2020, les émissions de GES dues aux transports dans les pays développés, et de montrer ce qu’il serait possible de faire dans l’avenir immédiat.
Enfin, il est possible que le réchauffement climatique ait joué un rôle dans le passage du coronavirus de la chauve-souris à l’humain. À tout le moins, cette pandémie oblige à réfléchir à la possibilité que, si l’humanité poursuit sur la même trajectoire, d’autres pandémies pourraient être favorisées par les futurs bouleversements climatiques.
3- La COP26 pourrait être un échec?
Si les 197 nations signataires de l’Accord de Paris ont convenu d’une aide financière à verser aux pays en voie de développement, reste qu’aucun gouvernement n’est obligé de verser un montant prédéterminé. Il faudra donc définir les modalités de cette aide. De plus, les pays devront présenter des plans concrets de réduction des GES à l’horizon 2030 et de décarbonisation de leurs économies pour permettre l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050.
Autant dire que rien de tout cela ne se réglera en 12 jours. C’est pourquoi la COP26 a été précédée d’une foule d’événements ayant essentiellement pour but de faire avancer les négociations climatiques. En décembre dernier avaient par exemple lieu Les Dialogues sur le climat, des événements virtuels destinés à préparer la COP26. Plus récemment, il y a eu une session d’ONU Climat, où toutes les parties se sont réunies pour la première fois depuis la COP25 de Madrid, de même qu’un Sommet du G7 en Cornouailles.
Mais ces rencontres préparatoires ne garantissent pas non plus que des décisions majeures seront prises lors de la COP26. Si le passé est garant de l’avenir, il se peut très bien que les gestes posés par la communauté internationale ne soient pas à la hauteur des défis climatiques décrits par les scientifiques. De nombreuses COP dans le passé, en particulier depuis Copenhague en 2009, ont été qualifiées d’échecs, la communauté internationale ayant raté des occasions de faire preuve d’une plus grande ambition en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement de la crise du climat.
L’Accord de Paris lui-même a ses détracteurs, qui lui reprochent d’être un traité international dénué de réelles obligations. La plus grande des difficultés sera, une fois encore à Glasgow, de réussir à créer des consensus parmi 197 États aux priorités souvent contradictoires…