Combinant un univers cyberpunk, où le corporatisme est roi, à un hommage bien senti aux bandes dessinées, Foreclosed est un titre ambitieux qui, même s’il ne réalise pas toutes ses promesses, s’avère agréable à jouer.
Prenant place en mai 2084, Foreclosed dépeint un futur plutôt glauque. On incarne Evan Kapnos, un homme travaillant pour SecurTech, une firme de sécurité qui vient tout juste de faire faillite. Puisqu’il n’a plus d’argent en banque pour payer ses comptes, son ID numérique est saisi par les huissiers. Cette « dette d’identité » l’empêche d’acheter quoi que ce soit, et des bornes mentales lui refusent l’accès à certains endroits de la ville. Il doit se rendre au tribunal avant 16h afin d’acquitter le montant en souffrance s’il veut recouvrir ses privilèges de citoyen, mais à peine sorti de chez lui, des hommes tentent de l’abattre. Une femme communique alors avec lui par le biais de son implant et lui offre son aide pour échapper aux tueurs lancés à ses trousses. Comme il n’a plus grand-chose à perdre, Evan accepte de collaborer avec cette mystérieuse inconnue, mais les événements se précipitent, et il se retrouve au beau milieu d’un complot dont il est loin de soupçonner l’ampleur.

Développé par un petit studio indépendant, Foreclosed propose une histoire et une expérience originale, malgré des mécaniques manquant parfois de finition. Grâce au logiciel expérimental installé dans son implant cérébral au début du jeu, le héros dispose d’une panoplie de pouvoirs tous plus intéressants les uns que les autres pour l’aider dans son enquête. Il est possible de pirater les appareils électroniques, ce qui s’effectue en reproduisant une séquence de flèches affichées à l’écran dans un temps limité à l’aide du pavé numérique. On a également accès à la télékinésie pour lancer des objets sur ses adversaires ou déplacer des obstacles bloquant sa route. On peut en plus surchauffer les implants des ennemis quand ils se trouvent à proximité. Pourchassé de toutes parts par des tueurs et évoluant dans une ville où la surveillance est omniprésente, il faut souvent emprunter une approche furtive afin de ne pas se faire repérer.
La portion tir constitue l’aspect le moins satisfaisant de Foreclosed. L’arme symbiotique en notre possession ne procure pas une sensation réaliste comme dans les shooters modernes, et la mire ne bouge pas assez vite quand on tente de viser, ce qui diminue grandement la précision. Vêtus de complets-veston, les ennemis se ressemblent tous, et absorbent les balles comme de véritables éponges. On n’est heureusement pas limité par les munitions, mais notre implant surchauffe rapidement, et on doit le laisser refroidir avant de faire feu à nouveau. Chaque appareil piraté et chaque adversaire neutralisé accordent des points d’expérience, qui servent à débloquer des habiletés, comme un bouclier énergétique. On peut aussi augmenter la cadence de tir de notre fusil ou déverrouiller l’accès à des balles spéciales, capables de pénétrer les armures.

Avec ses rendus en cel-shading et ses phylactères et onomatopées s’affichant en texte à l’écran, Foreclosed évoque directement une bande dessinée. Le jeu pousse l’hommage à ce médium encore plus loin, en découpant souvent l’action à travers deux ou trois cases. On débute une séquence dans un panneau, avant de continuer dans les autres, un procédé visuellement très intéressant, mais qui complique certaines portions de jeu, puisqu’on ne contrôle pas le placement de la caméra. Affichant des lignes épurées, des textures minimalistes, et des couleurs vives, comme du mauve et du violet, le titre possède une signature graphique qui le distingue de la masse, et que l’on reconnaît immédiatement lorsqu’on voit une capture d’écran. On ne peut pas en dire autant de bien des productions triple A.
Même si ses mécaniques, surtout du côté du maniement des armes à feu, laissent beaucoup à désirer, Foreclosed parvient à faire oublier ses petits défauts grâce à une histoire captivante, et des visuels à mi-chemin entre ceux d’un jeu vidéo et d’une bande dessinée.
6.5/10
Foreclosed
Développeur : Antab Studios
Éditeur : Merge Games
Plateformes : Nintendo Switch, PS4, PS5, Windows, Xbox One, Xbox Series S/X (testé sur Xbox Series X)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)