S’il y aura bel et bien embellie économique à l’échelle planétaire, notamment en raison des interventions gouvernementales massives dans les différentes économies planétaires, la reprise sera à l’image des mesures sanitaires et de la campagne de vaccination, estime la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), qui évoque un « rebond inégal ».
Dans le cadre de son Rapport 2021 sur le commerce et le développement, rendu public mercredi, la CNUCED estime que l’économie mondiale enregistrera un bond marqué de 5,3% cette année, soit la plus forte hausse depuis plus de 50 ans.
Derrière cette poussée de croissance se cache toutefois d’importantes inégalités: « les contraintes en matière d’espace budgétaire, le manque d’autonomie monétaire et l’accès restreint aux vaccins freinent de nombreuses économies en développement, creusant le fossé avec les économies avancées et menaçant d’ouvrir la voie à une nouvelle décennie perdue », indique ainsi l’agence internationale, dans des propos repris par l’ONU.
« Ces écarts croissants, tant au niveau national qu’international, nous rappellent que les conditions sous-jacentes, si elles restent en place, feront de la résilience et de la croissance des luxes dont bénéficient de moins en moins de privilégiés », a déclaré Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED. « Sans des politiques plus audacieuses qui reflètent un multilatéralisme revigoré, la reprise post-pandémique manquera d’équité et ne parviendra pas à relever les défis de notre époque. »
Parmi les solutions proposées par la CNUCED, on retrouve un allègement de la dette, voire son annulation dans certaines circonstances; une réévaluation du rôle de la politique budgétaire dans l’économie mondiale; une plus grande coordination en matière politique entre les grandes économies du monde, ainsi qu’un soutien « audacieux » aux pays en développement pour le déploiement des vaccins.
Car si une bonne partie de l’Occident, ainsi que certains pays d’Asie, ont réussi à vacciner plus de la moitié, voire les trois quarts de leur population avec deux doses d’un remède contre la COVID-19, les pays plus pauvres, eux, sont pour l’instant tributaires de la générosité des pays riches, et continuent d’enregistrer de grands nombres d’infections et de morts des suites de la maladie, une maladie qu’ils n’ont généralement pas les moyens financiers et sanitaires de combattre efficacement.
De fait, pour l’an prochain, la CNUCED envisage plutôt une croissance économique de l’ordre de 3,6%, avec un niveau de revenus 3,7% sous la barre qui aurait été atteinte sans l’impact de la pandémie. Au total, entre 2020-2022, ce sont environ 13 000 milliards de dollars qui n’auront pas été gagnés par les travailleurs de la planète. Et ce sont justement les employés les moins bien nantis, ceux qui ont déjà de la difficulté à arrondir les fins de mois, qui seront les plus touchés.
Les prévisions à long terme ne sont pas plus encourageantes: toujours selon le rapport de l’agence, le niveau de production de 2016-2019 ne sera atteint de nouveau qu’en 2030. « Ce fait cache un problème plus profond, à savoir que la tendance de la croissance des revenus avant la crise était elle-même insatisfaisante ; la croissance mondiale annuelle moyenne au cours de la décennie qui a suivi la crise financière mondiale a été la plus lente depuis 1945 », soutient la CNUCED.