Dans leur tout nouvel appartement – un luxueux loft situé dans le quartier Ville-Marie, à Montréal, et qui doit coûter la peau des fesses –, le couple formé de Justice Smith et Sydney Sweeney constate rapidement que les voisins d’en face n’ont pas installé de rideaux, et que leur vie est donc entièrement visible. Smith et Sweeney deviendront rapidement des Voyeurs, du nom du film scénarisé et réalisé par Michael Mohan.
Le couple d’en face, formé d’un photographe particulièrement beau gosse et d’une femme tout aussi jolie, mais qui semble coincée dans une relation toxique, en viendra à provoquer une obsession chez nos « héros ». Ceux-ci iront jusqu’à installer un laser pour pouvoir espionner les conversations des gens d’en face. Et ce qui avait commencé comme du voyeurisme érotique, avec moult scènes de sexe, de part et d’autre de la cour intérieure, prendra éventuellement une tournure sinistre.
Vendu comme un thriller érotique, The Voyeurs est l’un des trop rares films à être explicitement tournés à Montréal, sans que l’on vende un coin de rue comme se trouvant plutôt à New York, Paris ou ailleurs, plutôt qu’entre Beaubien et Saint-Zotique, ou à proximité du Saint-Laurent.
Le côté érotique de l’oeuvre est présent dès le début, et on serait en mesure de s’attendre à ce que les deux couples emmêlent leurs destinées, possiblement avec des relations extraconjugales ici et là, avec trahisons et moments dramatiques à l’appui.
Malheureusement, malgré un nombre presque surabondant de scènes de nudité, et des acteurs à la plastique impressionnante, The Voyeurs prend éventuellement une tangente si ridicule que le film perd quasiment tout intérêt. Plutôt que de jouer sur les sentiments, ou encore sur le désir, Mohan abandonne le côté « chaud lapin » de son long-métrage pour se tourner vers une étrange histoire de manipulation et de meurtre. Ce faisant, il s’appuie sur une trame narrative si trouée qu’elle se déchire carrément si l’on prend ne serait-ce que quelques instants pour y réfléchir.
N’est certainement pas Rear Window qui veut, après tout, et même The Woman in the Window, sorti plus tôt cette année et mettant là aussi en vedette une femme qui observe ses voisins à travers la fenêtre, avait l’avantage de s’appuyer sur un scénario crédible.
Bref, si l’on souhaitait simplement un film chargé d’érotisme qui pourrait provoquer des fourmillements dans la région, nos espoirs seront éventuellement douchés. Et si l’on voulait en plus que The Voyeurs soit un film qui nous garde en haleine jusqu’à la fin, en se demandant ce qu’il adviendrait des deux couples liés dans une danse mêlant plaisirs de la chair et envies secrètes, il est fortement recommandé de passer son chemin. Le corps sculptural de Sydney Sweeney ne vaut pas cette peine.