L’un des jeux de société « européens » les plus populaires a récemment soufflé quelque 15 bougies: Ticket to Ride: Europe, ou Les aventuriers du rail: Europe, dans notre bonne vieille langue de Molière, réunit évidemment tous les ingrédients qui ont fait le succès du titre original, en plus de réserver quelques belles surprises aux amateurs.
Le concept est relativement simple: tour à tour, les joueurs tentent de relier deux villes situées sur le plateau de jeu en établissant un ou plusieurs tronçons ferroviaires pour lesquels ils utilisent des wagons provenant de leur réserve. Pour ce faire, cependant, il faut disposer du bon nombre de cartes de la bonne couleur, tout en espérant qu’un adversaire ne vous coupera pas l’herbe sous le pied en utilisant les mêmes rails juste avant votre tour!
Si le fait de construire des segments ferroviaires permet en soi d’obtenir des points, ce sont les destinations, distribuées au préalable ou pigées en cours de partie, qui vous permettront de l’emporter… ou feront en sorte que vous fermerez la marche. La stratégie de cette série de jeux de société aux multiples déclinaisons, après tout, consiste à équilibrer la course vers vos propres destinations et la nécessité de bloquer vos opposants. Mais prenez garde à ne pas manquer de wagons!
Et si la première déclinaison de la série, simplement intitulée Les aventuriers du rail, se déroule aux États-Unis, c’est fort probablement la version européenne du jeu qui a permis au titre de véritablement prendre son « envol », si l’on peut dire. Comment expliquer ce succès? Est-ce le côté plus exotique de la chose, avec ce mélange de pays, de langues, de cultures? Est-ce parce qu’aux yeux des Nord-Américains, le Vieux Continent évoque spontanément le voyage?
Quoi qu’il en soit, c’est toujours un plaisir de s’élancer à la découverte de l’Europe, d’autant plus que pour cette 15e édition du jeu, l’éditeur Days of Wonder a ajouté quelques « cadeaux »: tout d’abord, plutôt que d’offrir des wagons « génériques » pour les joueurs, qui ne varient principalement qu’en fonction de leur couleur, ceux-ci vont plutôt transporter des biens différents selon leur teinte, en plus d’être rangés dans des boîtes en fer-blanc affichant les couleurs et le « slogan » de ce transporteur ferroviaire imaginaire assigné en début de partie.
Les marqueurs de score sont aussi plus « complets », c’est-à-dire plus détaillés et distincts; idem pour les cartes de destination et celles de wagons.
Le jeu contient aussi quelques variantes qui donnent accès à de nouveaux trajets à accomplir, le tout en fonction de règles légèrement transformées pour mettre un peu plus de piquant.
Toutes les composantes sont de bonne qualité, les couleurs sont très réussies, et on a franchement l’impression que l’éditeur a consacré temps et énergie à faire en sorte que le jeu ait ce côté luxueux que bien des joueurs recherchent.
Est-ce pour autant un incontournable? Si vous n’avez jamais joué aux Aventuriers du rail, et que vous souhaitez vous lancer dans l’aventure avec une version tout à fait « complète » de l’édition Europe, cette déclinaison 15e anniversaire peut s’avérer intéressante. Idem si vous êtes complètement dingue de la franchise et possédez déjà toutes les éditions et tous les plateaux, et que l’idée de ne pas avoir cette nouvelle option vous donne de l’urticaire.
Par contre, si vous possédez déjà Les aventuriers du rail: Europe, dépenser jusqu’à 135$ pour de nouveaux wagons et quelques variantes de jeu ne semble pas justifié. À vous, dans ce cas, de jauger le pour et le contre…