Le sable et le gravier sont les deux minerais les plus exploités sur la planète, avec entre 32 et 50 milliards de tonnes extraites chaque année à l’échelle mondiale. Ces matériaux sont extraits plus rapidement qu’ils peuvent être remplacés. Mais selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs des Universités McGill et de Copenhague, les coûts humains et environnementaux de cette extraction, dans les pays à faibles et moyens revenus, sont largement ignorés.
« Avec ces travaux, nous pouvons démontrer que dans les pays faiblement et moyennement développés, l’industrie de l’extraction de sable est en conflit direct avec environ la moitié des 17 objectifs de développement durable », affirme Mette Bendixen, professeure adjointe à McGill, et l’une des principales auteures de l’étude publiée dans One Earth.
« L’impact de l’extraction du sable et du gravier sur l’environnement entre en conflit avec les objectifs liés aux dynamiques naturelles des écosystèmes. De plus, la pollution, les enjeux liés à la santé publique et la nature informelle de plusieurs activités minières créent des inégalités sociales qui affectent négativement les mineurs oeuvrant dans de petites exploitations, ainsi que leurs familles. »
L’augmentation de la demande et des prix du marché mènent à une exploitation, une planification et des échanges commerciaux non durables. L’extraction du sable des rivières et des plages a d’importants impacts sur l’écologie, les infrastructures, les économies nationales et les milieux de vie des 3 milliards de personnes qui vivent le long des corridors des rivières et fleuves de la planète.
L’extraction de sable non réglementée a été documentée dans 70 pays à travers le monde, rappellent les chercheurs, en plus de conflits associés qui ont été liés à de la destruction environnementale, des problèmes en matière de milieux de vie et de sources de revenus, ainsi que des violations des droits du travail. Des batailles pour mettre de la main sur des stocks de sable auraient fait des centaines de victimes, ces dernières années, tuant notamment des résidents locaux, des policiers et des responsables gouvernementaux.
Opportunité et destruction
Les chercheurs suggèrent également que si elle est bien gérée, l’extraction de ces ressources offre potentiellement certaines opportunités pour atteindre quelques objectifs de développement durable. Ils soulignent par ailleurs que ces ressources ont la capacité d’alimenter le développement socioéconomique, notamment dans le but de lutter contre la pauvreté (un autre objectif onusien). Par exemple, le sable et le gravier permettent à des millions de personnes de travailler, en plus de fournir des matériaux pour le secteur de l’énergie verte, ainsi que pour la construction de routes et d’infrastructures.
« Lorsqu’elles sont correctement gérées, les ressources sablières peuvent créer de l’emploi, permettre le développement de talents et compétences utiles dans d’autres secteurs de l’économie, en plus d’inciter à l’innovation et de susciter des investissements, tout en continuant de favoriser les infrastructures sur lesquelles reposent le monde contemporain », affirme Lars L. Iversen, professeur adjoint à l’Université de Copenhague et autre principal auteur de l’étude.
« Et donc, la solution ne consiste pas à bannir toutes les activités minières. Trouver l’équilibre entre les avantages et les inconvénients de l’extraction de sable et de gravier est en voie de devenir l’un des grands défis de notre siècle en matière de ressources naturelles. »
« Nous devons concevoir des plans de gestion et des politiques efficaces pour les ressources sablières qui respectent les objectifs de développement durable », ajoute Mme Bendixen. « Pour y parvenir, nous avons besoin d’une meilleure compréhension des impacts de l’extraction de sable et de gravier. Ces besoins sont particulièrement criants dans les pays à revenus faibles ou modérés qui ne possèdent actuellement aucune évaluation de l’ampleur des activités minières qui y ont lieu, ou de quelle façon ces activités ont un effet sur les écosystèmes et les communautés locales. »