The Forgotten City a débuté son existence sous la forme d’un simple « mod » pour Skyrim. Quatre ans et plus de trois millions de téléchargements plus tard, l’expérience est maintenant devenue un jeu complet et indépendant, et on peut dire que le résultat final est plutôt réussi.
Se réveillant sur les rives du Tibre, en Italie, et souffrant d’amnésie comme tant de héros de jeux vidéo, le personnage que l’on incarne dans The Forgotten City est recueilli par une jeune femme se nommant Karen. Cette dernière nous implore d’explorer les ruines antiques se trouvant à proximité afin de retrouver un certain Al Worth, disparu peu de temps auparavant. Muni d’une simple lampe de poche, on pénètre donc dans les décombres, où l’on découvre un mystérieux portail nous projetant quelque deux millénaires dans le passé.
On se retrouve alors 817 ans après la fondation de Rome, au sein du sanctuaire de Proserpine, la déesse agricole du printemps, et dès notre arrivée, on est immédiatement escorté auprès de Sentius, le magistrat de cette cité souterraine. Ce dernier nous explique qu’il pressent qu’un individu est sur le point de briser la Règle d’Or, une loi divine stipulant que si une seule personne commet un péché, tous les habitants de la ville seront transformés en statues aurifiées, et nous demande de trouver le coupable et de le stopper avant que l’irréparable ne soit commis.
Présenté dans une vue subjective à la première personne, The Forgotten City est avant tout une expérience narrative, et bien qu’il y ait quelques puzzles à résoudre pour avancer dans l’enquête, la majeure partie du jeu consiste à discuter avec les vingt-deux habitants de la cité antique. Les personnages avec lesquels on interagit sont bien développés, et possèdent tous des personnalités uniques. Lors des conversations, des choix de réponses multiples s’offrent à nous, et nos décisions affectent le cours de l’histoire, qui comporte pas moins de quatre conclusions différentes.
Les mécaniques du jeu sont assez minimales. On peut marcher, courir et sauter. Un peu plus tard, on acquiert une poulie de tyrolienne nous laissant utiliser les câbles suspendus un peu partout à travers la cité pour se déplacer plus rapidement d’un point à un autre. En appuyant sur le bouton X, une nuée de papillons dorés apparaît pour nous indiquer dans quelle direction se situe l’objectif de la quête active, mais ce système ne fonctionne malheureusement pas toujours comme il devrait. On finit également par obtenir un arc et des flèches, mais puisque le meurtre déclenche la furie des Dieux, il est principalement utilisé pour résoudre des casse-têtes.
Dans un contexte où la moindre erreur de jugement peut mener à une extinction de masse, il faut évidemment user de précautions si on ne veut pas que des créatures dorées déferlent sur la cité et transforment tous ses habitants en statues, ce qui ne signifie pas la fin de la partie pour autant. Il est parfois inévitable de briser la Règle d’Or pour progresser, et The Forgotten City utilise un principe de boucle temporelle. Quand la punition divine survient, on peut emprunter le portail et revenir au tout début en conservant les informations et les objets amassés jusque-là, bien que les habitants n’aient aucun souvenir de nos passages précédents.
Pour un jeu indépendant développé par une équipe composée de seulement trois personnes, les graphiques de The Forgotten City rivalisent presque avec ceux d’une production triple A, et ses rendus sont optimisés pour les consoles de nouvelle génération, avec un mouvement fluide roulant à 60 images par seconde, des reflets de lumière sur l’eau, des effets de brume, et une luminosité réaliste bénéficiant du ray tracing. Le seul bémol se trouve du côté des modélisations des visages, qui sont un peu figés, et comme on passe beaucoup de temps à les regarder lors des innombrables dialogues, il est difficile de ne pas le remarquer.
Contrairement à certains jeux, dont le scénario ne constitue qu’un prétexte aux combats, l’histoire de The Forgotten City est si bien ficelée et intéressante qu’elle a même remporté un prix de la prestigieuse Guilde des Auteurs. Il s’agit donc d’une des meilleures expériences narratives présentement disponible sur consoles.
8/10
The Forgotten City
Développeur : Modern Storyteller
Éditeur : Dear Villagers
Plateformes : Nintendo Switch, Playstation 4, Playstation 5, Windows, Xbox One, Xbox Series S/X (testé sur Xbox Series X)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)