Des chercheurs de l’Université du Colorado à Boulder ont collaboré à une nouvelle étude indiquant que des environnements densément bâtis, mais aux immeubles peu élevés, comme ceux que l’on trouve à Paris, forment les zones urbaines optimales lorsqu’il est question de chercher à réduire les émissions de gaz à effet de serre au cours de l’ensemble de leur cycle d’existence.
Ces travaux, publiés dans Urban Sustainability, s’appuient sur un débat croissant à propos des futurs environnements urbains, et ont été menés en partenariat avec l’Edimburgh Napier University.
Comme le mentionnent les scientifiques, l’environnement bâti est un important contributeur aux émissions de gaz à effet de serre, à la demande mondiale en matière d’énergie, à la consommation de ressources et à la production de déchets. Aux États-Unis, les villes et villages représentent ainsi 39% de toutes les émissions de GES, tandis que dans l’Union européenne, ce type d’environnement est lié à 50% de toutes les ressources tirées du sol et de 42% de toute l’énergie consommée, ce qui en fait un domaine où les possibilités d’amélioration sont importantes, le tout dans un contexte de lutte aux changements climatiques.
Jay Arehart, l’un des auteurs de l’étude, affirme que ces nouveaux travaux remettent en question l’idée conventionnelle voulant que les villes de demain doivent être densément construites et tendre vers le ciel pour s’attaquer aux émissions de GES, l’idée tant que les grands bâtiments utilisent l’espace de façon optimale, réduisent la consommation d’énergie pour le chauffage et la climatisation, et permettent d’accueillir davantage de gens par mètre carré.
« L’étalement urbain que nous voyons dans les banlieues américaines et les gratte-ciel que nous avons dans des endroits comme New York ne sont pas nécessairement optimaux », soutient M. Arehart.
« Nous démontrons en fait que le nouveau développement urbain devrait tourner autour de la diminution de l’empreinte carbone des bâtiments, et non pas juste les émissions découlant de leur fonctionnement, ou des matériaux qui les composent. La densité est nécessaire pour une population urbaine croissante, mais pas la hauteur. »
L’équipe de recherche s’est intéressée à quatre types d’environnement urbain, allant de dense et élevé à étendu et bas, en simulant 5000 environnements s’appuyant sur des données réelles pour établir le cycle de chacun en matière d’émissions de GES. Cette approche a notamment tenu compte des terrains supplémentaires nécessaires pour construire sur des zones étendues comparativement à des gratte-ciel, ainsi que les tarifs liés à la construction en hauteur, notamment en ce qui concerne les ressources nécessaires, précise Francesco Pomponi, le principal auteur de l’étude.
« Nous avons développé de nouveaux critères permettant de mesurer les choses de façon aussi précise que possible », a-t-il indiqué. « Nos résultats démontrent qu’il est effectivement nécessaire d’avoir de la densité pour une population urbaine en augmentation, mais cela n’est pas vrai pour la hauteur des bâtiments. Il semble donc que la planète a besoin de davantage de Paris, et de moins de Manhattan, au cours des prochaines décennies. »