Depuis que la COVID-19 a atteint le statut de pandémie, plusieurs pays ont subi des pressions pour contenir la dissémination du virus à l’intérieur de leurs frontières, mais aussi en raison de l’arrivée de voyageurs étrangers contaminés après avoir vécu plusieurs vagues de transmission. Mais selon une nouvelle étude de l’Université de l’Illinois, le fait de s’attaquer à la transmission interne du coronavirus doit être priorisé par rapport aux interdictions d’accueil des étrangers ou des restrictions visant à limiter la menace du virus en provenance de l’international.
De nouveaux travaux effectués par Yilan Xu, professeure d’agriculture et d’économie, révèlent que dans le cas de la Chine, les cas de COVID-19 en provenance de l’étranger ont eu un impact limité sur les infections recensées dans le pays, mais cela seulement en raison du fait que les mécanismes de mitigation du virus, à l’interne, ont permis de contrôler le virus.
« Pendant que la COVID-19 et les variants du virus continuent de circuler à l’échelle mondiale, les pays doivent gérer à la fois la dissémination à l’interne et les risques d’importation de cas de l’étrange, mais l’ampleur relative de ces menaces varie avec le temps, et dépend largement de la force ou de la faiblesse de la transmission domestique », dit-elle.
Des mesures sanitaires visant à limiter la transmission, comme la distanciation, le port du masque, le dépistage et des quarantaines sont plus efficaces que l’interdiction absolue des voyages, selon l’étude.
« Outre interdire les voyages en provenance de l’étranger, vous pouvez aisément amoindrir la portée de la transmission internationale avec toutes sortes d’interventions non pharmaceutiques, comme l’exigence d’un double test négatif avant de pouvoir entrer au pays; le préenregistrement de l’état de santé; et le port du masque universel, par exemple », a-t-elle ajouté.
« Cela étant dit, toutes les interventions à l’échelle internationale auraient un impact presque négligeable si des mesures intérieures n’étaient pas en place, ou si le virus circule déjà largement sur le territoire national. »
Mme Xu et ses coauteurs ont effectué une analyse pour quantifier les risques d’importation du virus en vertu de divers scénarios, en s’appuyant sur des données récoltées en Chine au printemps 2020.
« Nous avons constaté que la transmission à l’intérieur des villes était le principal mode de contamination en Chine au début de la pandémie, et que les mécanismes de transmission ont été encadrés ou contrôlés avant que les cas de l’étranger ne représentent un problème », souligne la chercheuse.
Se dépêcher… et se coordonner
« La question du timing des diverses interventions est donc importante. Comme nos simulations laissent entendre que les risques d’importation de cas sont limités lorsque la transmission locale est sous contrôle, nous avons aussi découvert que les cas cumulés en Chine, à la fin d’avril 2020, auraient été 13 fois plus élevés si la transmission locale avait repris du poil de la bête pour retrouver son ampleur datant d’avant la mise en quarantaine, et 32 fois plus nombreux si cette ampleur n’avait jamais diminué. »
« Voilà pourquoi il est impératif de contrôler la transmission locale. »
« Nos conclusions offrent un point de vue important à propos des méthodes de contrôle des maladies infectieuses et représentent un appel à des efforts mondiaux coordonnés pour contrer la maladie », mentionne encore Mme Xu.
« Les maladies infectieuses circulent constamment à l’échelle mondiale, alors il est un peu absurde de penser qu’en coupant les déplacements à l’international, la maladie suivra son cours et ce sera tout. Il est nécessaire d’adopter une approche coordonnée dans un contexte de pandémie. Chaque pays doit se coordonner avec les autres; même à l’échelle locale, chaque province et région doit se coordonner avec les autres. La dissémination actuelle du variant Delta nous le rappelle clairement. »