Une nouvelle étude lie la croyance envers le concept de darwinisme social avec certaines caractéristiques d’un dysfonctionnement psychologique, comme le fait de chercher à exploiter les autres, démontrer de l’hostilité et faire preuve d’une faible estime de soi.
Deux chercheurs polonais, Piotr Radkiewicz et Krystyna Skarzynska, ont présenté leurs conclusions dans le magazine spécialisé PLOS ONE.
Ceux qui adhèrent à la notion de darwinisme social considèrent le monde comme une sorte de jungle compétitive nécessitant une lutte féroce pour accaparer des ressources limitées, et au sein de laquelle seuls les « plus forts » survivent. Le darwinisme social entraîne une vision négative de la nature humaine, soit que les gens sont fondamentalement égoïstes et que la manipulation cynique est une option acceptable pour obtenir un avantage.
Pour mieux comprendre les caractéristiques personnelles sous-tendant cette croyance, les deux scientifiques ont effectué une enquête en quatre temps, chaque partie regroupant de 624 à 853 participants polonais. Plus spécifiquement, ils se sont intéressés aux liens entre les croyances des individus par rapport au darwinisme social et la façon dont ils s’attachent aux autres, leur positionnement en ce qui concerne les cinq principaux traits de personnalités, leurs valeurs humaines fondamentales et leurs jugements moraux.
Une analyse du coup de sonde a révélé l’existence de liens entre la croyance envers le darwinisme social et des caractéristiques personnelles dysfonctionnelles, en opposition avec des « ressources individuelles » plus positives. Par exemple, les darwinistes sociaux étaient davantage portés à faire état de leur admiration pour le pouvoir, de leur désir de dominer, de leur envie d’atteindre leurs objectifs à n’importe quel prix, et de démontrer de l’hostilité. Ils avaient aussi davantage tendance à démontrer une faible estime d’eux-mêmes, d’être moins en mesure de subvenir eux-mêmes à leurs besoins, et de développer des relations intimes basées sur la peur d’être abandonnés.
Ces résultats s’inscrivent en droite ligne de l’idée voulant que les darwinistes sociaux possèdent des croyances entrant en conflit avec les principaux des démocraties libérales, et que leur vision de la vie sociale n’entraîne pas la création d’une société coopérative et égalitaire. Les auteurs de l’étude font aussi état d’une « division mentale » selon laquelle les darwinistes tendent à admirer la force et le pouvoir, tout en ayant une image de soi fragile.
Toujours selon les auteurs, « la croyance voulant que le monde social ressemble à la jungle darwinienne entre en conflit avec les idéaux de la démocratie, qui évoquent la maximisation du bien-être des citoyens, la minimalisation de la violence, ainsi que la promotion des droits de la personne. Cependant, ces croyances peuvent venir soutenir des mouvements visant à obtenir un avantage sur ses opposants et les priver de leur pouvoir, de leur bonne réputation et de leur force économique. »