L’économie canadienne a beau avoir repris passablement de mieux depuis l’éclatement de la pandémie, il y a près d’un an et demi, les petites et moyennes entreprises (PME), elles, auront besoin d’encore plusieurs mois, voire de plus d’un an, pour se remettre sur pied et retrouver leur rythme de fonctionnement d’avant mars 2020.
Voilà du moins ce qu’affirme la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) dans une note d’information transmise récemment. On y soutient ainsi qu’à peine 18% des PME canadiennes se disent pleinement rétablies. Ce taux varie de 26%, à l’Île-du-Prince-Édouard, à 11% à Terre-Neuve; la proportion atteint 25%, en Colombie-Britannique, contre 18% au Québec et 15% en Ontario.
Simon Gaudreault, vice-président à la recherche nationale à la FCEI, évoque de fait une « longue pente abrupte » à remonter pour ces entreprises employant un maximum de 50 personnes.
Pire encore, plus de 90% des PME de certains secteurs plus durement touchées par la crise sanitaire précisent qu’il leur faudra encore bien du temps pour retrouver leur erre d’aller. Sans surprise, ce sont les compagnies oeuvrant dans les arts et les loisirs, ainsi que dans l’hébergement et la restauration, qui sont encore quasiment toutes affectées par la pandémie, soit 95% et 96%, respectivement.
En moyenne, lit-on dans la note d’information, les propriétaires de PME évaluent à près de deux ans (23 mois) le délai nécessaire pour évoquer un « rétablissement complet ». Dans l’hébergement et la restauration, ce délai moyen s’allonge à 29 mois, soit près de deux ans et demi.
Mais qu’est-ce qu’un rétablissement complet, au juste? Là-dessus, les propriétaires ne s’entendent pas. Dans le cadre d’un coup de sonde à choix multiples, près de la moitié (46%) répondent qu’il s’agit de retrouver « le niveau de vente habituel ». Une proportion similaire parle de « ne plus être autant stressés et anxieux à cause de la COVID-19 » (45%), « ne plus subir de retards d’approvisionnement et d’expédition à cause de la pandémie » (44%).
Il est aussi question « d’avoir le droit d’ouvrir sans restrictions » (40%), ou « avoir remboursé nos dettes contractées à cause de la COVID-19 » (39%).
« Pour les entreprises, se rétablir, c’est beaucoup plus que retrouver un niveau de vente normal et la totalité de leurs employés. C’est aussi le fait de rembourser leurs dettes et de surmonter le choc qui a secoué nos systèmes collectifs. En surface, il semblerait qu’un retour à la normale commence à prendre forme, mais la route est encore très longue pour de nombreux propriétaires de PME qui continuent d’éprouver du stress face à l’avenir de leur projet d’entreprise », fait remarquer François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI, toujours par voie de communiqué.
Afin d’améliorer la situation, la FCEI continue d’encourager les consommateurs à soutenir les commerces locaux. Mais c’est aussi du côté des différents gouvernements que l’on espère de l’aide financière. Des programmes ont été mis en place depuis mars 2020, mais l’organisation dit souhaiter que ceux-ci soient maintenus, même avec le recul apparent du virus.
« Comme des élections fédérales se profilent à l’horizon, tous les partis politiques ont intérêt à élaborer une stratégie solide pour proposer des mesures de soutien aux PME et aux communautés qui dépendent d’elles pour se sortir de la crise », juge ainsi M. Gaudreault.