Comédien, scénariste, réalisateur, acteur, poète, musicien… Bo Burnham est à la fois archiconnu, notamment pour ses nombreux admirateurs, ou juste assez présent dans la sphère culturelle pour que la population en générale ait au moins une idée de ce qu’il a réussi à accomplir au cours de sa carrière. Son plus récent spectacle, Inside, permet en quelque sorte au trentenaire de retourner aux sources.
Enfin, retour aux sources… M. Burnham a après tout plusieurs cordes à son arc, et s’il est vrai qu’il a débuté sa carrière avec des chansons humoristiques, il déclinera rapidement ses talents en improvisation, en stand up, en jeu dans des films ou à la télévision, etc. Non, le retour aux sources dont il est possible de faire mention, ici, est le fait que l’humoriste se mettra lui-même en quarantaine pendant une bonne partie de la pandémie. S’il avait laissé de côté l’humour sur scène, devant public, depuis plusieurs années – en raison de crises de panique devant ses admirateurs, confiera-t-il –, le voilà qui était prêt à tout recommencer. Le moment prévu de cette remise en selle progressive? Début de l’année 2020.
Bref, Bo Burnham s’est symboliquement enfermé dans un petit studio, sans équipe technique, à apprendre à manipuler lui-même éclairages et caméras, et surtout à tenter de rafistoler toutes les idées de gags et de chansons qu’il a pu accumuler au cours des années passées, ou encore depuis le début de la pandémie.
Cheveux longs, barbe tout aussi longue, Burnham n’a certainement plus le look de jeune premier qui caractérisait son personnage de médecin, dans Promising Young Women. Non, l’heure est au look « quarantaine ». Certaines personnes ont décidé de se raser la tête (comme ce journaliste), mais d’autres ont tout laissé pousser. Force est d’admettre, bien sûr, qu’un petit côté échevelé semble tout à fait correspondre à l’état d’esprit de l’humoriste.
Qu’est-il censé faire, seul dans ce studio? De quoi est-il censé parler? Peut-on encore rire alors que des millions de personnes sont mortes d’une maladie inconnue quelques mois seulement auparavant? Voilà pourtant ce qu’il tente de faire, partagé entre cet étrange malaise pandémique, le fait que l’écriture et la production de son spectacle semblent avancer à pas de tortue, et l’idée – éventuellement abandonnée – qu’il serait en mesure de finir tout cela avant d’atteindre le cap des 30 ans.
Mélange de sketchs, gags, chansons et autres réflexions philosophiques, Inside est soit un scénario complexe parfaitement exécuté, avec un acteur capable de jouer finement avec les émotions et de surfer, en quelque sorte, sur cette vague aussi déprimante qu’existentielle qui a submergé nos sociétés, soit un véritable coup de gueule par rapport à un monde qui a tout d’un coup perdu la plupart de ses repères, en plus de devoir soudainement combattre un ennemi insidieux alimenté par quantité de problèmes déjà existants.
Est-ce davantage l’un, ou davantage l’autre? Est-ce vraiment important de tirer cela au clair? Inside est chaotique, drôle, triste, léger, profond. La chanson Welcome to the internet, avec son fantastique mélange d’humour et de cynisme, est à l’image du spectacle dans son ensemble: quelque chose d’aussi satisfaisant qu’un peu déprimant. L’ensemble est à voir, absolument.