Une version du réalisateur qui dure quatre heures, en format carré, et en noir et blanc. Un film dont la première déclinaison est si mauvaise, si ratée, que les grands patrons décident de la jeter aux orties et de carrément recommencer, quelques années seulement à peine. Chez DC, on semble donner libre cours à des projets cinématographiques quelque peu délirants qui s’avèrent, au final, être à peine passables, sinon carrément ennuyants. C’est d’ailleurs le cas avec la reprise de Suicide Squad.
Réalisé par James Gunn, celui-là même qui était aux commandes des deux premiers Guardians of the Galaxy, avant d’être éjecté de chez Disney pour une vieille blague de mauvais goût, The Suicide Squad, cuvée 2021, est à différencier de Suicide Squad (notez l’absence du The), sorti en 2016, un produit cinématographique semble-t-il si chaotique, si imprécis, qu’on a préféré le faire disparaître plutôt que de tenter d’en recoller les morceaux.
Le principe demeure le même: le gouvernement américain fait appel à une équipe de méchants pour accomplir une mission en apparence si impossible qu’elle mènera à la mort de tous les participants. D’où le nom du groupe (et du film). Cette fois, nos « justiciers » sont envoyés sur l’île fictive de Corto Maltese, où une gigantesque tour bâtie par d’ex-Nazis abrite un sombre secret que Washington aimerait bien voir disparaître.
Sur papier, l’idée n’est pas mauvaise, et ce n’est certainement pas la première fois où l’on rassemble un groupe de gens en apparence condamnés à ne pas s’entendre, avec des personnalités et des apparences loufoques, et que l’on obtient, ultimement, quelque chose de potable, voire de très bon. Ici, après tout, certains ingrédients sont réunis: John Cena jouant un assassin épris de « justice »; Margot Robbie reprenant son rôle d’Harley Quinn, normalement la petite amie du Joker dans l’univers de Batman; un type qui attaque ses ennemis avec des pastilles colorées, et même Sylvester Stallone qui prête sa voix à un gigantesque requin capable de marcher. Que demander de plus?
Eh bien, on aurait pu exiger que le scénario soit structuré de façon à ce que le rythme soit soutenu, ou encore qu’une véritable chimie se développe entre les personnages. Ici, malheureusement, chacun dit ses répliques, et on aura beau avoir rassemblé une impressionnante brochette d’acteurs (notamment Peter Capaldi, qui joue un scientifique déjanté, après avoir joué un… « Docteur » déjanté dans Doctor Who), la pâte ne lève pas.
Non pas que The Suicide Squad soit nul, ou foncièrement mauvais. Non, James Gunn est trop compétent pour cela… idem pour ses acteurs. Le problème avec ce film, en fait, c’est qu’il est ordinaire. Les personnages sont largement ordinaires, tout comme le scénario et les répliques. Rien qui marque les esprits, en somme. Et cela confine The Suicide Squad dans un endroit bien particulier: les limbes cinématographiques. Pire encore, les limbes cinématographiques qui ont coûté plusieurs millions.
Bref, il s’agit probablement de quelque chose à écouter pour passer le temps, mais rien qui ne justifie le fait d’aller le voir en salles.