Le plus raciste et misogyne des espions français a-t-il fait son temps? Quelque 12 ans après Rio ne répond plus, voilà que Jean Dujardin reprend son personnage d’Hubert Bonisseur de La Bath, le célèbre OSS 117, pour des aventures qui se dérouleront cette fois sur le continent africain, dans Alerte rouge en Afrique noire. Un film qui échoue malheureusement à renouveler un genre déjà mal en point.
Placé sur une voie de garage, après presque une trentaine d’années de bons et loyaux services envers l’Hexagone, OSS 117 est finalement appelé à la rescousse d’OSS 1001, un nouvel agent récemment expédié en Afrique pour contrecarrer les plans de groupes rebelles qui souhaitent renverser un « président démocratiquement élu » qui est en fait un dictateur sanguinaire maintenu en poste grâce à l’influence de Paris.
Après deux volets réalisés par Michel Hazanavicius, qui est aussi connu pour The Artist, dans lequel jouait là aussi Dujardin, d’ailleurs oscarisé, cette troisième partie de cette série de films parodiques passe sous la gouverne de Nicolas Bedos, principalement connu au théâtre et à la télévision.
Est-ce l’usure du temps? Ou l’incapacité de vraiment se renouveler? Quoi qu’il en soit, la série OSS 117 reprend ici la même formule qu’il y a 15 ans, dans le cadre du tout premier film: un Blanc se croyant supérieur à tout le monde débarque dans un endroit reculé de la planète où la France a des intérêts politiques, économiques et stratégiques, et finit, à force de quiproquos et de moments d’intelligence dans un océan de stupidité, si l’on peut dire, par triompher de ses ennemis.

La chose était souvent drôle dans le premier épisode, surtout avec cette tendance du personnage principal à croire réellement que l’habitant du coin devrait s’émerveiller à la simple évocation de la France, ou devant une photo format poche de René Coty, président de 1954 à 1959. La scène de combat dans la Société cairote exportatrice de poulets était d’ailleurs mémorable.
Ici, pourtant, plus de 15 ans plus tard, les gags tombent généralement à plat. Oui, on se prend à rire devant l’énormité de certaines déclarations, ou durant certains échanges, notamment au cours de cette discussion complètement surréelle entre Dujardin et son patron, au cours de laquelle ce dernier demande à son espion ce qu’il connaît de l’Afrique… Non seulement le long silence de Dujardin est-il révélateur, mais ses énoncés qui suivront seront pires, encore.
On peut rire, aussi, du côté absurde des méchants, y compris le cruel officier soviétique qui finit par se retrouver avec une faux à la place de la main, ce qui donne éventuellement lieu à un moment où il brandira ladite prothèse et, bien entendu, un marteau de son autre main…
Ce qui bloque, cependant, c’est le fait que rien n’a vraiment changé en 15 ans. Le personnage d’OSS 117 est toujours aussi borné, aussi insultant, aussi raciste. Passe encore qu’on se serve de cette construction dramatique pour l’amener à changer, mais puisqu’en fin de compte, il n’en est presque rien, force est de constater qu’Alerte rouge en Afrique noire ressemble davantage à une tentative de raviver une vieille franchise que de vraiment faire évoluer un personnage qui aurait mieux fait de demeurer dans les brumes de l’histoire cinématographique.