La pandémie de COVID-19, avec ses restrictions parfois particulièrement sévères en ce qui concerne les interactions et les activités effectuées à l’extérieur des domiciles, a eu un impact que l’on pourrait qualifier de surprenant, au pays: le nombre de crimes déclarés par la police a effectivement diminué, avec environ 10% d’incidents criminels en moins, révèle Statistique Canada.
Ainsi, les autorités ont rapporté 5301 crimes commis par 100 000 habitants en 2020; cette même année, « la police a déclaré plus de 2 millions d’infractions au Code criminel (sauf les délits de la route); au total, il a eu 195 015 affaires de moins qu’en 2019″, mentionne l’agence fédérale dans une note d’information.
De plus, toutes les mesures de la criminalité au pays sont en recul pour la première fois en six ans, qu’il s’agisse de l’ensemble des gestes criminels, des crimes accompagnés de gestes violents, ou des crimes non violents.
Là où la situation est particulièrement différente, toutefois, c’est du côté des crimes haineux: complètement à l’opposé des statistiques sur les autres types de crimes, ces gestes à l’endroit des membres des minorités culturelles ont bondi de 37% en 2020, passant de 1951 affaires, en 2019, à 2669, l’année dernière.
« Il s’agit du plus grand nombre de crimes haineux déclarés par la police depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 2009. Les crimes haineux ciblant la race ou l’origine ethnique et déclarés par la police ont presque doublé (+80 %) par rapport à l’année précédente, et ils ont été à l’origine de la majeure partie de la hausse des crimes haineux observée à l’échelle nationale », précise Statistique Canada.
Selon une enquête effectuée au début de la pandémie, « les personnes appartenant à des groupes de minorités visibles étaient trois fois plus susceptibles d’avoir perçu une augmentation des incidents de harcèlement ou des attaques motivées par la race comparativement au reste de la population (18 % par rapport à 6 %) ».
« En 2020, le nombre de crimes haineux déclarés par la police ciblant chacun de ces groupes de population a atteint un sommet inégalé depuis que des données comparables sont disponibles », ajoute encore l’agence fédérale.
Et s’il est possible de penser que les crimes haineux ont principalement ciblé les personnes d’origine asiatique, en raison de l’association erronée entre l’apparition de la COVID-19 et le fait que le virus a été d’abord détecté en Chine, ce sont tous les groupes recensés par Statistique Canada qui ont dénombré de fortes augmentations du nombre de ces gestes illégaux. La proportion est plus forte chez les Asiatiques de l’Est ou du Sud-Est (+202 et +301%, respectivement), mais les Noirs, les Autochtones et les Sud-Asiatiques ont tous signalé davantage de crimes haineux, l’an dernier.
Par ailleurs, le taux d’homicides a lui aussi augmenté, une deuxième hausse en autant d’années. Quelque 743 personnes ont été tuées dans ce contexte, l’an dernier, soit 56 de plus qu’en 2019.