Difficile de se tromper en mélangeant horreur et adolescents, le tout dans ce qui a l’apparence d’une petite ville traditionnelle des États-Unis. Ajoutez-y une dose d’hémoglobine, un peu de sexe et des références à des classiques du genre, et vous obtenez un résultat tout à fait potable. Voilà donc ce que l’on trouve dans Fear Street, une trilogie de films récemment lancée sur Netflix.
Les films en soit ne sortent pas de nulle part, et s’appuient en fait sur une série de livres créée par R.L. Stine, l’équivalent, en gros, d’une version un peu plus « mature » que Goosebumps (ou Chair de poule, en version française), un univers d’horreur édulcorée que connaissent bien des gens maintenant adultes en Amérique du Nord.
L’histoire est relativement simple: entre les deux villes de Sunnyvale et Shadyside, la tension a toujours été palpable. La première est riche, ses habitants sont puissants et célèbres; la seconde est plus pauvre, gangrenée par le crime et, pire encore, régulièrement frappée par des vagues de meurtres aux motivations généralement inexplicables. Chaque génération semble ainsi être touchée par l’un de ces événements où une personne en apparence ordinaire devient soudainement un tueur en série qui massacre tout sur son passage.
Dans le premier volet, Deena et son frère Josh sont confrontés à un nouveau massacre à Shadyside, dans le cadre duquel le centre commercial a été transformé en terrain de chasse pour le meurtrier. D’abord sceptique à l’idée que la malédiction d’une certaine Sarah Fier, dont l’origine remonte à la fondation de la ville, au 17e siècle, et qui a été pendue pour sorcellerie, soit réelle, l’adolescente tentera de comprendre ce qui lui arrive. Pendant ce temps, sa copine, Sam, est poursuivie par une série de meurtriers qui sont en fait la réincarnation de quelques-uns de ces tueurs psychotiques qui ont endeuillé l’histoire de la ville.
Revenir en arrière
En tentant de combattre ces monstres, Deena, Josh, Sam et leurs amis trouveront des informations à propos de la seule survivante de l’un des précédents massacres, qui s’est produit en 1978 dans le camp de vacances situé à proximité.
De fil en aiguille, voilà donc cette deuxième partie de la trilogie, mettant en vedette Sadie Sink, que l’on a pu voir dans Stranger Things, notamment. Pendant que son penchant adulte (Gillian Jacobs, de Community) relate ses souvenirs, Fear Street passe d’une redite de Scream à celle de Friday the 13th. Éventuellement, les cinéphiles seront conviés à remonter le temps jusqu’en 1666, année durant laquelle Sarah Fier sera accusée de sorcellerie et pendue, et l’année qui marquera le début de la malédiction.
Sans être particulièrement originaux, les films de la trilogie s’avèrent franchement divertissants. L’équipe de production a bien compris, on imagine, l’esprit de la série, qui est de créer une tension, mais sans aller jusqu’au malaise ou au sentiment d’horreur pure, comme le font d’autres titres du genre. Fear Street s’écoute donc comme quelque chose de léger, mais on retrouve suffisamment de scènes plus gore pour satisfaire (en partie, du moins), les amateurs de sang, de tripes qui se répandent sur le sol et d’exécutions bien accomplies. En ce sens, il n’est certainement pas question de reproduire l’ambiance de Goosebumps, ou de tenter de se positionner comme films pour préadolescents.
Bien entendu, les amateurs de « véritable » horreur, eux, passeront leur chemin, à moins de simplement vouloir se changer les idées pendant environ six heures.
Pour l’amateur de cinéma moyen, cependant, ladite trilogie est suffisamment solide pour valoir le détour. À condition, bien sûr, d’avoir du temps devant soi, puisque le fait de s’en tenir à un volet irait à l’encontre du concept. En ce sens, il s’agit peut-être d’une version cinématographique d’une saison de série télé, en quelque sorte. À l’instar de Sherlock, où les épisodes duraient une heure, peut-être a-t-on ici droit à une très, très longue saison de trois gigantesques volets. Qui sait?