Les joueurs du populaire jeu western Red Dead Redemption 2 apprennent à identifier de véritables animaux sauvages des États-Unis, révèle une nouvelle étude. Le jeu, qui se déroule dans l’Ouest américain en 1899, comprend des versions simulées d’environ 200 espèces de véritables animaux.
La recherche, effectuée par des scientifiques de l’Université d’Exeter et du Truro and Penwith College, poussait les joueurs à identifier des photos de vrais animaux. En moyenne, les gens qui avaient de l’expérience dans le jeu pouvaient identifier de 10 à 15 animaux américains dans le cadre d’un questionnaire à choix multiples, soit trois de plus que les gens qui n’avaient jamais joué à Red Dead 2.
Les meilleurs répondants étaient ceux qui avaient complété la quête principale du jeu, soit entre 40 et 50 heures, ou y avaient joué plus récemment.
En plus d’apprendre à identifier des espèces sauvages, certains joueurs ont mentionné avoir appris sur le comportement animal et sur l’environnement.
L’un des participants de l’étude a fait savoir que le jeu lui avait appris comment détecter un bélier qui s’apprête à charger, avant d’ajouter « qu’aucune blague ne m’a empêché de me casser une jambe, dans la vraie vie ».
La Dre Sarah Crowley, du Centre for Geography and Environmental Science à l’Université d’Exeter, mentionne que « le niveau de détail dans Red Dead Redemption 2 est notoirement élevé, et c’est certainement le cas en ce qui concerne les animaux ».
« La plupart d’entre eux ressemblent et se comportent non seulement de la même façon que dans la vraie vie, mais ils interagissent entre eux. Les opossums font le mort, les ours font semblant de charger et les aigles chassent les serpents. »
Espèces rares… et disparues
Son coauteur, le Dr Matthew Silk, ajoute que « le jeu met en vedette plusieurs espèces qui sont maintenant beaucoup plus rares, et même une espèce qui est maintenant disparue, la Conure de Caroline ».
« La chasse a joué un rôle dans l’extinction de cet oiseau; si les joueurs tirent sur cette espèce dans le jeu, ils sont informés de son statut d’espèce en danger. S’ils continuent de tirer, l’espèce disparaît, ce qui souligne les conséquences environnementales des actions des joueurs. »
L’étude a utilisé de véritables photos de 15 espèces présentes dans le jeu, y compris le cerf de Virginie, le lièvre, la tortue alligator, l’esturgeon jaune, le geai bleu et la spatule rosée.
Les joueurs participant à l’étude pouvaient d’abord taper le nom de chaque animal, et avaient ensuite accès à des choix multiples.
La différence dans les capacités d’identification entre les joueurs et les non-joueurs était généralement plus importante pour les animaux qui sont utiles dans le jeu, comme des poissons qui peuvent être pêchés et mangés.
Les animaux qui sont plus rares, comme l’aigle royal, ont été identifiés moins fréquemment.
Le jeu comprend aussi un mode multijoueur « naturaliste », où les joueurs peuvent devenir des protecteurs de la vie sauvage de l’époque; les personnes qui avaient choisi ce rôle étaient encore meilleures pour identifier les espèces animales.
« Nous savons que plusieurs joueurs apprécient le réalisme, alors les développeurs de jeux pourraient être intéressés d’examiner les conclusions de l’étude, mais nous réalisons que ces jeux ne sont pas conçus pour être éducatifs », mentionne New Crowley, du Truro and Penwith College.
« Nous ne nous attendons pas à ce que les jeux à grand budget comprennent des messages à propos de la conservation animale, mais les éducateurs et les spécialistes de la protection animale peuvent apprendre des choses à partir des techniques employées dans les jeux, comme le fait de rendre l’environnement immersif, et faire en sorte que chaque action signifie quelque chose en termes de progrès dans l’ensemble du jeu. »
Toujours M. Crowley, « le fait d’être à l’intérieur, sur l’ordinateur ou devant un écran, est souvent considéré comme étant l’opposé de l’interaction avec la nature, mais nos conclusions démontrent que les jeux peuvent éduquer les gens à propos des animaux, et ce, sans même tenter de le faire ».