La Chine n’a jamais été aussi mal vue en matière de protection des libertés individuelles de ses populations, révèle une grande enquête internationale effectuée par le Pew Research Center. Les conclusions du coup de sonde effectué dans 17 pays sont notamment publiées après la fermeture forcée, à Hong Kong, du dernier quotidien d’opposition, l’Apple Daily.
Que ce soit en Amérique du Nord, en Europe ou dans la région Asie-Pacifique, le constat est clair: Pékin n’est aucunement un modèle à suivre pour ce qui est du respect de la différence et de la diversité au sein des populations. De fait, dans 15 des 17 pays sondés, au moins 80% des participants sont de cet avis. Et cela vaut pour la plupart des nations alliées qui sont devenues des adversaires politiques, économiques ou encore stratégiques de la Chine.
Cette impression s’est d’ailleurs renforcée ces dernières années, à mesure que le pouvoir chinois raffermissait son emprise sur sa population, y compris en construisant d’immenses camps de rééducation dans la région du Xinjiang, où la population ouïghoure est soumise à ce qui est qualifié de génocide par plusieurs organisations internationales.
Toujours selon l’enquête, ce sentiment par rapport à la Chine a largement augmenté dans des pays comme l’Italie, la Corée du Sud, la Grèce, l’Australie, le Canada et le Royaume-Uni depuis 2018.
Aux États-Unis, le principal adversaire de la Chine sur la scène internationale, le Pew Research Center dit ne pas disposer de données permettant d’établir une tendance, mais précise que 90% des répondants jugent que Pékin ne respecte pas les libertés individuelles, y compris 93% des républicains et 87% des démocrates.
Les opinions défavorables du pouvoir chinois sont toutefois un peu moins prononcées dans les divers pays sondés. Aux États-Unis, toujours, 76% des participants ont ainsi un avis négatif quant à Pékin, contre 73% au Canada. Le sondage n’indique toutefois pas comment des participants estimant que la Chine ne respecte pas les libertés individuelles peuvent avoir autre chose qu’une opinion défavorable de ce même pays.
Un blason redoré?
Là où la Chine semble prendre du galon, toutefois, c’est du côté de la gestion de la pandémie de COVID-19. Ainsi, 49% des participants avancent que Pékin a lutté efficacement contre le virus, contre 43% qui pensent le contraire. Dans les 12 pays où les participants ont été sondés en 2020 et 2021, la proportion de gens satisfaits de la gestion de crise chinoise a largement augmenté.
Autre avantage pour Pékin, l’opinion de sa gestion de la pandémie est meilleure que celle concernant les agissements de la Maison-Blanche.
Cela n’empêche toutefois pas les États-Unis d’être considérés, et de très loin, comme des partenaires commerciaux plus importants que la Chine. Ainsi, en Australie, au Canada, au Japon et en Corée du Sud, par exemple, de larges majorités de sondés estiment qu’il est plus important de nouer des liens économiques solides avec Washington qu’avec Pékin.
Il existe cependant un flou, dans la région Asie-Pacifique, à savoir s’il faut promouvoir les droits de la personne en Chine, quitte à susciter la colère de Pékin, ou plutôt s’assurer d’être dans les bonnes grâces économiques de l’empire du Milieu. En Nouvelle-Zélande (80%), Australie (78%) et au Japon (54%), on juge qu’il est plus important de défendre les libertés.
À Taïwan (45%), cependant, les avis sont plus partagés. En Corée du Sud et à Singapour, cependant, des majorités de répondants préfèrent les liens économiques.