Entre les cryptomonnaies et la chaîne de blocs, la technologie qui sous-tend notamment les devises virtuelles, les Nations unies estiment qu’il serait possible d’utiliser une partie de ces nouvelles méthodes numériques pour faciliter le développement économique des pays pauvres, et ce de façon plus équitable.
Dans le cadre d’un reportage publié en ligne, l’ONU reprend d’abord les mots de Tim Berners-Lee, le créateur du Web, qui soutient que le réseau bitcoin, du nom de la devise virtuelle la plus connue et la plus répandue, représente « l’un des moyens les plus fondamentalement inutiles d’utiliser l’énergie ».
Il faut savoir que la production de cette monnaie numérique, sous la forme de la résolution de calculs mathématiques toujours plus complexes, nécessite une consommation d’énergie stratosphérique, qui vient ainsi contribuer à la crise climatique, puisque la plupart des « fermes » de bitcoin sont installées dans des régions du monde où les centrales électriques fonctionnent encore au charbon, comme c’est le cas en Chine.
L’ONU avance aussi que chaque transaction bitcoin consomme une quantité d’énergie phénoménale: ainsi, « chaque transaction Mastercard est estimée à seulement 0,0006 kWh (kilowattheure), tandis que chaque transaction bitcoin consomme 980 kWh, assez pour alimenter un foyer canadien moyen pendant plus de trois semaines, selon certains commentateurs ».
Un espoir pour le développement?
Ce qu’estime cependant l’organisation internationale, c’est que la technologie de chaîne de blocs, qui sous-tend les monnaies numériques et qui s’appuie, en gros, sur une décentralisation des transactions financières, pourrait trouver une nouvelle utilité en matière de développement des pays pauvres et de développement durable.
« Parce que la technologie est résistante à la falsification et à la fraude, elle peut fournir un enregistrement fiable et transparent des transactions. Ceci est particulièrement important dans les régions où les institutions sont faibles et les niveaux de corruption élevés », indiquent ainsi les Nations unies.
De fait, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est tourné vers la chaîne de blocs pour mettre sur pied un projet pilote, au Pakistan, afin d’acheminer de l’argent directement aux bénéficiaires, sans devoir passer par une banque locale. Ce même projet a aussi été testé dans des camps de réfugiés en Jordanie.
« Si cela peut fonctionner pour les réfugiés, cela peut aussi fonctionner pour d’autres groupes défavorisés et vulnérables. Les auteurs d’un rapport de l’agence des Nations unies pour l’environnement, le PNUE, suggèrent que la technologie pourrait améliorer les moyens de subsistance des ramasseurs de déchets, qui gagnent leur vie dans l’économie informelle », mentionne encore l’ONU sur son site web.
Malgré tous ces avantages, et malgré d’autres percées potentielles, notamment du côté de l’énergie verte, la chaîne de blocs demeure énergivore, ne serait-ce que pour vérifier les transactions. Sur ce point, l’agence internationale estime que le projet Ethereum, du nom d’une autre cryptomonnaie, pourrait donner l’occasion de procéder à des vérifications, tout en consommant 99,95% moins d’énergie par transaction.
Parallèlement à cela, l’Energy Web Foundation, le Rocky Mountain Institute et l’Alliance pour des régulations innovantes ont joint leurs forces pour former le Crypto Climate Accord, avec comme objectif de décarboniser l’ensemble du secteur des monnaies numériques d’ici 2030.