Les monstres sanguinaires veillent au grain, mais les vrais monstres, ce sont les humains transformés par l’apocalypse: le refrain est connu, et avec sa suite à la série A Quiet Place, l’acteur, scénariste et réalisateur John Krasinski démontre malheureusement que les suites sont rarement à la hauteur des premières parties.
Dans ce deuxième volet des aventures d’Emily Blunt et de ses trois enfants, l’action reprend carrément là où elle s’était arrêtée dans le premier film: avec sa prothèse auditive, l’adolescente sourde a découvert une méthode pour immobiliser les monstres autrement quasi invincibles qui courent non seulement à la vitesse de l’éclair, mais semblent aussi résistants aux balles et au feu.
Après avoir dû fuir la maison familiale, les rescapés (sans Krasinski, présent dans le premier film, mais sans doute tué ou disparu vers la fin du long-métrage, les détails sont un peu flous dans la tête de ce journaliste et le premier A Quiet Place n’avait pas spécifiquement laissé une impression indélébile) aboutissent dans un entrepôt occupé par Cillian Murphy, un ancien ami de la famille.
Celui-ci confirmera ce que l’adolescent constatera: une station de radio fait jouer une chanson en boucle, preuve qu’il reste encore un bastion d’humanité, ou du moins encore des équipements automatisés. L’adolescente, elle, partira avec Murphy pour tenter de faire la lumière sur la chose.
Avec son scénario classique pour des films du genre, y compris avec le fait que l’on peut sans trop de peine s’attendre à ce que les personnages principaux survivent, A Quiet Place Part II est correct, sans plus. L’idée des monstres capables d’entendre n’importe quel bruit minimalement important et d’être sur place en quelques secondes à peine pour causer un massacre est de plus en plus absurde. Combien sont-ils? Se nourrissent-ils d’humains, ou font-ils juste les tuer? S’il ne s’agit que de meurtre, comment mangent-ils?
Il est évident que l’on ne s’attend pas à un précis de biologie extraterrestre, mais ces créatures quasiment indestructibles ressemblent de plus en plus à une sorte de deus ex machina, un personnage néfaste se dédoublant en de multiples copies qui permet, en un instant, d’ajouter une bonne dose de drame à l’aventure de nos protagonistes. Après tout, même dans la série Alien, les Xenomorphs pouvaient être tués relativement facilement, du moment que l’on possédait des armes de calibre militaire.
Pire encore, Krasinski, dans son premier film, avait eu le bon sens de présenter une coupure de journal, dans la petite ville où vivait notre famille rescapée, qui indiquait que le bruit alertait les monstres. Or, dans le nouveau titre, ces créatures viennent non seulement de l’espace (avec un écrasement sur Terre qui ne semble leur causer aucune blessure), mais tuent en quelques instants la population de l’agglomération.
Qui aurait alors eu le temps d’étudier les créatures et de publier un journal?
Tout cela n’empêche pas d’apprécier A Quiet Place Part II. Mais bien franchement, on a l’impression que Krasinski a manqué d’idées et a préféré se rabattre sur son monstre omnipotent et omniprésent pour faire le travail. Une décision très ordinaire.