Dans les années 1950, des chercheurs ont réalisé la première d’une série de découvertes inattendues de fossiles de dinosaures à des latitudes polaires. Le 24 juin, des scientifiques rapportaient dans Current Biology qu’ils détiennent les premières preuves convaincantes que plusieurs espèces de dinosaures vivaient dans ce qui est aujourd’hui le nord de l’Alaska, mais qu’ils y avaient aussi établi leur nid.
« Il s’agit des dinosaures les plus septentrionaux qui ont jamais existé », affirme Patrick Druckenmiller, du Musée du Nord de l’Université de l’Alaska. « Nous n’avons pas simplement démontré la présence de restants périnataux – des dinosaures qui venaient de naître ou qui étaient toujours dans un oeuf – d’une ou deux espèces, mais nous avons plutôt documenté la présence d’au moins sept espèces de dinosaures qui se sont reproduites dans l’Arctique. »
De précédentes études sur une poignée de sites ont offert une série de preuves selon lesquelles une ou deux espèces de dinosaures inconnus étaient capables de nicher près, ou tout juste au-dessus des cercles arctique et antarctique, a poursuivi le chercheur, mais la nouvelle étude est la première à démontrer, hors de tout doute, que des espèces nichaient à des latitudes extrêmes. Les conditions environnementales, à l’époque, correspondaient à des extrêmes saisonniers, avec une température annuelle moyenne d’environ 6 degrés Celsius. Il y aurait également eu des périodes d’environ quatre mois de noirceur hivernale complète, avec des conditions sous le point de congélation.
M. Druckenmiller et son coauteur, Gregory Erickson, de l’Université d’État de la Floride travaillent depuis longtemps à documenter l’ancien écosystème de l’Arctique, dans la région Prince Creek Formation, dans le nord de l’Alaska, y compris les dinosaures, les mammifères et d’autres vertébrés. Ils cherchent également à savoir comment ces animaux vivaient, en raison de l’environnement difficile.
Cet environnement est justement difficile d’accès pour les chercheurs. « La saison de travail dans l’Arctique est courte, et il faut s’y rendre par avion et dans de petits bateaux », a précisé M. Druckenmiller. « Histoire de compliquer encore plus les choses, la seule façon d’examiner les pierres consiste à se rendre sur les falaises bordant le plus vaste fleuve de l’Alaska, le Colville. Ces falaises sont dangereuses et risquent de s’effondrer, ce qui rend la collecte de fossiles difficile. »
En une décennie de travail, les chercheurs, aidés par plusieurs étudiants au fil des ans, ont découvert des centaines de petits os de bébés dinosaures, y compris des dents d’individus qui étaient soit encore dans l’oeuf, ou qui venaient de naître. Les dinosaures découverts dans l’Arctique regroupent de petits et de grands herbivores, en plus de carnivores, y compris des tyrannosaures.
« Cela ne fait pas si longtemps que l’idée de trouver des dinosaures à des latitudes et dans des environnements si extrêmes était une surprise », affirme M. Druckenmiller. « Le fait de constater que la plupart, sinon toutes ces espèces se reproduisaient aussi dans l’Arctique est franchement remarquable. On nous a longtemps demandé: « Avez-vous trouvé des oeufs? » À cela, nous répondons « non ». Mais nous avons trouvé quelque chose de mieux: les bébés dinosaures eux-mêmes. »