L’adaptation cinématographique, par Mathias Malzieu, de son roman paru en 2019, sous le titre Une sirène à Paris, permet aux spectateurs de plonger dans un univers à la fois farfelu, mais aussi quelque peu triste. Le long-métrage, d’abord sorti en 2020 en France, avant de passer de notre côté de l’Atlantique, a des allures d’Amélie Poulain pour son côté hors du temps. Une belle fable mêlant amour, fantômes du passé et arguments en faveur de visites fréquentes chez le cardiologue…
À Paris, donc, Gaspard voit le gagne-pain familial, un cabaret installé sur une péniche, mourir lentement depuis des décennies. Son père, au bout de ses ressources, veut vendre le tout. Gaspard, lui, s’accroche et cherche à trouver une façon de sauver les meubles. Sur ces entrefaites, voilà notre crooner déprimé, au coeur de pierre, qui tombe sur une sirène échouée sur le bord de la Seine.
La jeune femme, effrayée par les humains, et par les hommes en particulier, a tendance à mortellement séduire tous ceux qu’elle croise: c’est son seul mécanisme de défense, après tout. Mais notre héros, si tant est qu’on puisse le qualifier de héros, est protégé contre cette attaque qui entraîne soit la noyade, soit la crise cardiaque fatale. Jusqu’à ce qu’il se laisse attendrir, lui aussi. Quant à la sirène, elle devra impérativement retourner à l’eau, sous peine d’y passer.
L’excellent Amélie Poulain n’est pas évoqué en vain: Une sirène à Paris s’appuie sur cette même image d’une capitale française un peu figée dans le temps, où l’appareil technologique le plus sophistiqué est un téléphone sans-fil domiciliaire, et où tout semble avoir une consistance physique: la musique joue à partir de vieux disques vinyle, les films sont sur vidéocassette, les livres sont non seulement en papier, mais se déploient de façon fantastique en d’incroyables décors que l’on peut emporter avec soi.
Sur le plan visuel, d’ailleurs, le film est sans faille. C’est plutôt du côté du scénario que les choses accrochent. On se retrouve avec quelque chose qui ressemble à des contraintes auto-imposées desquelles il semble être facile de s’échapper. Étire-t-on la sauce parce que l’on souhaite tirer le plus de « jus » possible de l’histoire? Ou peut-être est-ce imputable au fait que du livre à l’écran, la transition est rarement parfaite?
Quoi qu’il en soit, Une sirène à Paris est un film bien sympathique, surtout pour les nostalgiques de cette époque des années 1950, où tout renaissait de ses cendres, tout était de nouveau beau et prometteur…