Plus d’une vingtaine d’années au pouvoir, des méthodes plus qu’autoritaires… tout cela laisse des traces, et l’image internationale de Vladimir Poutine, le président de la Russie, n’a jamais vraiment cessé de s’en ressentir. À preuve, indique le Pew Research Center dans une nouvelle enquête, la cote de confiance de M. Poutine atteint à peine 22%, en moyenne, lorsqu’il est question de poser les bons gestes sur la scène internationale.
Le coup de sonde international, qui a rassemblé des répondants de 17 pays, soit bon nombre de pays occidentaux, mais aussi des pays d’Asie et d’Océanie, fait état d’un front relativement solide entre membres de l’OTAN, par exemple, alors que l’indice de confiance est au plus bas en Suède (14%) et aux États-Unis (16%), le principal adversaire de Moscou depuis le début de la guerre froide.
À l’opposé, Singapour (55%), la Grèce (55%) et même l’Italie (36%), pourtant membre de l’OTAN et du G7, abritent tous des populations qui font relativement, voire largement confiance au chef d’État russe pour assurer la bonne marche des affaires mondiales.
Quant au Canada, à peine 20% des personnes interrogées partagent ce sentiment, contre 76% qui disent faire peu (25%), ou encore très peu (51%) confiance au locataire du Kremlin.
De fait, le Canada fait partie des pays, en compagnie de la Suède, des États-Unis, de la France, de l’Australie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande et de la Belgique, où au moins 45% de la population sondée ne fait aucunement confiance à M. Poutine.
L’un des facteurs expliquant cette méfiance généralisée est l’intervention de la Russie dans différents conflits régionaux, ces dernières années, notamment en Ukraine, où des forces paramilitaires épaulées par la Russie (en matériel, armes et parfois directement en hommes) ont pris le contrôle de deux régions de l’est du pays, et ont déclaré leur indépendance, qui n’est reconnue que par Moscou. La Russie en a aussi profité pour mettre la main sur la péninsule de Crimée, ce qui a provoqué l’imposition de lourdes sanctions par l’Europe, les États-Unis et d’autres pays occidentaux.
Différences générationnelles
Il existe toutefois un phénomène de dissociation générationnelle dans les pays sondés: les plus jeunes font davantage confiance à l’homme fort de Russie que leurs parents. Et si les différences varient de pays en pays, on recense un écart d’au moins 20 points au Royaume-Uni, en Espagne, en Australie, en France et en Nouvelle-Zélande. Au Japon, cette différence atteint 44 points.
Les différences sont aussi marquantes chez les membres de partis populistes: qu’ils soient de gauche ou de droite, les partisans de ceux-ci ont davantage tendance à faire confiance au président russe.
Selon ce que rapporte le Pew Research Center, en Italie, par exemple, les partisans de la Ligue, un parti d’extrême droite, font confiance à M. Poutine à hauteur de 62%. Idem pour les électeurs de Forza Italia, où le taux de confiance atteint environ 50%.
Même son de cloche aux États-Unis: les républicains sont davantage portés à respecter et faire confiance au chef d’État russe, et ce, malgré les preuves d’interférence de Moscou lors des élections de 2016 pour faire élire l’ex-président Donald Trump.
Sans surprise, les personnes interrogées dans les divers pays font davantage confiance aux leaders européens, notamment le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, qu’au président russe. Ce dernier obtient toutefois un « score » légèrement meilleur que celui d’un autre dirigeant autoritaire: le président chinois Xi Jinping.