La quantité de chaleur que notre planète emmagasine a pratiquement doublé depuis 2005. En termes clairs, il y a un déséquilibre entre ce que la nature et l’humain devraient accumuler, et ce qui s’accumule en réalité.
Ce dont il est question ici, c’est d’un mécanisme cyclique qui existe depuis la nuit des temps. La Terre reçoit une certaine quantité de rayonnement du Soleil. L’atmosphère, les océans, le sol et les plantes en emmagasinent une partie et le reste est « reflété » ou « expulsé » dans l’espace. Cet équilibre est ce qui contribue à ce que notre planète soit propice à la vie —ni bloc de glace, qui ne recevrait pas assez de chaleur, ni enfer comme Vénus, dont l’épaisse couche nuageuse enferme une trop grande quantité de chaleur.
Que cet équilibre fluctue d’une année à l’autre n’est pas anormal. El Nino, par exemple, est le plus connu des phénomènes météorologiques qui, à intervalles irréguliers, se traduit par une hausse moyenne de la température à l’échelle de la planète.
Mais l’ampleur de l’augmentation actuelle « est sans précédent », résume le chercheur Norman Loeb, de la NASA, auteur principal d’une recherche menée conjointement par la NASA et la NOAA (Agence nationale des océans et de l’atmosphère) et parue le 15 juin dans la revue Geophysical Research Letters. Le « débalancement » aurait doublé entre 2005 et 2019, selon une compilation de données satellites, que les chercheurs ont comparées à des données récoltées pendant la même période par des bouées marines. C’est le consensus entre ces deux blocs distincts de données qui donne sa force à cette étude, commentent les experts.
Un tel débalancement signifie un réchauffement plus rapide des océans —puisque ce sont eux qui absorbent 90% de la chaleur— et, par effet domino, un réchauffement de l’air et des continents.
En moyenne, la Terre reçoit 240 watts par mètre carré du Soleil. En 2005, elle en « irradiait » -rejetait, reflétait- 239,5. Soit un léger déséquilibre d’un demi-watt. À la fin de la période étudiée par les chercheurs, ce déséquilibre était donc passé à 1 watt.
Si ça semble peu, c’est parce qu’il faut ensuite multiplier ce chiffre par plus de 100 000 kilomètres carrés de continents, et ajouter les océans…
La tendance se poursuivra-t-elle à la même vitesse pendant les 15 années suivantes, ou bien a-t-elle bénéficié de « l’aide » de phénomènes purement météorologiques? Il est impossible de le dire pour l’instant, mais il est certain que la tendance a aussi bénéficié, à un degré ou à un autre, de « l’aide » des humains.