Le créateur de Lantfeust de Troy, le plus grand succès de la fantasy française, est loin d’avoir dit son dernier mot, et avec Cristal rouge, le troisième tome de la série UCC Dolores, tout indique que Didier Tarquin tient un autre classique entre les mains.
Le jour de ses dix-huit ans, Mony, une orpheline élevée par l’Église des Nouveaux Pionniers, est expulsée de son couvent. À sa grande surprise, elle apprend qu’elle a reçu en héritage le U.C.C. Dolores, une « Unité Cosmo Corsaire » ayant appartenu à l’infâme général Mc Monroe, un homme qui, selon toute vraisemblance, était son père. Après avoir recruté un alcoolique du nom de Kash comme pilote, la jeune femme part à la découverte du monde avec en tête l’intention de mener des missions humanitaires, mais elle ignore que, selon les légendes, son vaisseau est censé abriter un fabuleux trésor, surnommé le glaive de Tassili, qui attise la convoitise des hors-la-loi d’un peu partout à travers le cosmos.
Attaqués de toutes parts, les aventuriers ont été contraints de faire escale sur Tenerif dans le deuxième tome (lire notre critique ici). Pendant les réparations, la jeune femme a pu constater que son ordre religieux maintenait en esclavage la population locale pour exploiter ses mines, ce qui ébranla fortement sa foi. Il y a maintenant trois semaines que le U.C.C. Dolores a quitté la planète quand s’amorce Cristal rouge, et puisque les commandes du vaisseau sont bloquées sur le pilote automatique, Mony et Kash ignorent où ils se dirigent. Après avoir passé une gigantesque porte gardée par une armée de robots, ils finissent par se poser sur Terminus, une lune morte au bout de l’univers où ils assisteront au dénouement d’une terrible machination s’étant mise en branle il y a plus de dix-huit ans.
Mélangeant western, space opera et fantasy médiévale, avec ses pirates de l’espace, ses chevaliers futuristes et ses missionnaires cosmiques, UCC Dolores propose un cocktail original, et assez unique dans le monde de la bande dessinée. Contrairement à l’album précédent, dont le rythme était assez inégal, ce troisième tome est un véritable feu roulant, où l’action ne se relâche pas une seule seconde. Dévoilant l’identité de la flingueuse aux seins nus ornant la carlingue du vaisseau, mais surtout les origines de Mony, l’histoire ferme de façon satisfaisante toutes les boucles ouvertes depuis le début de la série, faisant table rase du passé et ouvrant la porte pour un second cycle des plus prometteurs. Sans trop dévoiler de l’intrigue, le scénariste se permet même d’éliminer quelques personnages centraux de l’intrigue.
Pour dessiner Mony, l’héroïne de UCC Dolores, Didier Tarquin emprunte autant à la Laureline de la série Valérian qu’à la Shirley MacLaine du film Two Mules for Sister Sara. Combats en apesanteur dans le vide intersidéral, végétation extraterrestre luxuriante et luminescente, créatures à mi-chemin entre l’humain et le léopard, fausses auréoles de métal fixées sur la tête des prêtres de l’Église des Nouveaux Pionniers, vaisseaux en forme de poignard transperçant l’espace et robots sophistiqués, l’illustrateur livre de la science-fiction à grand déploiement dans Cristal rouge, et il en coûterait une fortune pour reproduire ses images spectaculaires au grand écran. Comprenant de la nudité, du sexe, une touche de gore et même une émasculation, l’album adopte un ton résolument plus mature graphiquement.
Avec un troisième tome qui pourrait bien être le meilleur jusqu’à maintenant, la série UCC Dolores s’impose comme un incontournable du space opera, et on est impatients de voir ce que nous réserve le deuxième cycle de cette bande dessinée, dont le quatrième volume est déjà confirmé.
UCC Dolores, tome 3 : Cristal rouge, de Didier et Lyse Tarquin. Publié aux éditions Glénat, 64 pages.