Il y a moins d’oxygène qu’il y a 40 ans, dans des centaines de lacs des États-Unis et d’Europe. Les causes sont multiples, mais les risques sont faciles à identifier: moins de poissons, plus d’algues et plus d’émissions de méthane.
Une baisse de la quantité d’oxygène est particulièrement dramatique pour les espèces de poissons qui, l’été, dépendent des eaux plus froides et nagent donc plus en profondeur —par exemple, les saumons et les truites. Si le niveau d’oxygène à ces profondeurs devient trop bas, ils ne peuvent plus survivre.
Or, dans cette étude, les chercheurs de 18 pays — États-Unis, Canada et une douzaine de pays européens— évaluent la diminution d’oxygène à 5,5% dans les eaux de surface, mais à 18,6% dans les eaux plus profondes. La recherche, parue le 2 juin dans la revue Nature, porte sur près de 400 lacs.
L’oxygène est un des meilleurs indicateurs de la santé d’un tel écosystème, rappellent les chercheurs, ce qui revient à dire qu’avec pareille diminution, il pourrait être urgent d’identifier des solutions. Bien qu’on ne puisse pas démontrer avec cette seule et unique étude quelles sont les causes de la diminution, les soupçons se portent vers le réchauffement de la planète et vers la diminution de la clarté de l’eau à cause des activités humaines —entre autres, les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les rejets dans ces lacs d’eaux usées et d’engrais agricoles.
D’autres études avaient, ces dernières années, pointé une apparente diminution des niveaux d’oxygène dans les océans — une recherche en 2017 par exemple, avançait le chiffre de 2%. Mais étonnamment, peu de recherches avaient porté jusqu’ici sur un aussi grand nombre de lacs. Si les chiffres obtenus cette fois devaient s’avérer représentatifs de centaines, voire de milliers d’autres lacs, il faudra s’attendre à ce que les décideurs locaux et nationaux soient davantage poussés à intervenir, pendant que quelque chose vit encore au fond de leurs lacs.