Si la campagne de vaccination bat son plein dans certains pays occidentaux, notamment au Canada, ou encore aux États-Unis, les pays à faible revenu, eux, doivent prendre leur mal en patience. Selon l’organisation Oxfam, les dédales administratifs et financiers sont si importants, en fait, qu’au rythme actuel, il faudra plus d’un demi-siècle pour vacciner l’ensemble des populations les plus pauvres de la planète, celles-là mêmes qui sont les plus à risque de contracter la COVID-19, et ultimement d’en mourir.
Dans une déclaration transmise par voie de communiqué, l’organisme rappelle que depuis que les dirigeants du G7 ont refusé de lever le monopole des compagnies pharmaceutiques, qui vendent ainsi leurs vaccins aux plus offrants, il y a quatre mois, un million de personnes sont mortes des suites de la COVID-19.
Toujours au dire d’Oxfam, cette levée des brevets pharmaceutiques pour les vaccins permettrait aux pays possédant les installations nécessaires de commencer immédiatement à produire des doses de vaccin, plutôt que de dépendre des réseaux logistiques de Pfizer, Moderna et autres grandes entreprises.
Membre de l’Alliance en faveur d’un vaccin universel, Oxfam avance des données voulant que les habitants des pays du G7 (Canada, États-Unis, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni) « ont 77 fois plus de chances de se voir proposer un vaccin que celles vivant dans les pays les plus pauvres du monde ».
Dans la même veine, en mai, les pays du G7 ont vacciné 4,6 millions de personnes par jour, ce qui laisse entendre que l’ensemble des populations de ces pays seront vaccinées d’ici le 8 janvier 2022.
Du côté des pays pauvres, cependant, le rythme d’inoculation est abyssal, à raison de 63 000 personnes par jour seulement. D’où les 57 ans nécessaires pour protéger les habitants des régions moins nanties de notre planète.
À populations égales, 28% des doses de vaccins administrées l’ont été dans les pays du G7, contre 0,3% du côté des pays pauvres, indique encore Oxfam dans son communiqué.
« Il est obscène que le Royaume-Uni, l’Allemagne et d’autres pays riches, qui sont en mesure de vacciner leur propre population, empêchent les pays pauvres de fabriquer les doses dont ils ont besoin pour sauver des vies, a affirmé la directrice générale d’Oxfam-Québec, Denise Byrnes.
« Cela vaut aussi pour le Canada qui refuse toujours d’appuyer la proposition de dérogation sur les droits de propriété intellectuelle liés aux vaccins COVID. Les pays à revenu faible ou intermédiaire ne devraient pas dépendre de COVAX (le mécanisme international de partage de vaccins, NDLR) ou de la bonne volonté de l’industrie pharmaceutique pour sauver leur population. Les dirigeants du G7 doivent profiter de ce moment pour se placer du bon côté de l’Histoire en apportant leur soutien total à la renonciation au brevet sur les vaccins, soutenue par plus de 100 pays. »
Si le président américain Joe Biden a donné son appui à la levée du monopole des compagnies pharmaceutiques, l’Allemagne et le Royaume-Uni, eux, s’y opposent, alors que le Canada, l’Italie, la France et le Japon ne se sont pas encore prononcés.
En attendant un développement de ce côté, les autorités sanitaires continuent de surveiller la progression du variant Delta, d’abord détecté en Inde, qui s’avère plus contagieux et qui pourrait compromettre l’efficacité des vaccins actuellement administrés aux populations du G7, justement.
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