Dix ans après sa parution en anglais sous le titre Erasing memory, le premier roman policier de l’auteur canadien Scott Thornley vient de paraître dans la collection Boréal Noir, sous la plume traductrice du Québécois Éric Fontaine.
Il est difficile de réinventer un genre littéraire et peut-être plus particulièrement celui du polar. Eh bien non, ce tour de force n’a pas été réalisé par monsieur Thornley. Mais, pour notre plus grand désennui, l’auteur de Mémoire brûlée s’est efforcé de s’éloigner de la plupart des clichés du roman policier. Bien sûr, le personnage principal, l’inspecteur-chef McNeice, doit tout de même revêtir un peu les oripeaux du héros, mais il n’a pas à être particulièrement violent, alcoolique ou revanchard. Il peut être simplement humain, tenir à faire un bon boulot, avoir la capacité d’être ému, mais savoir garder la tête froide.
Une fois qu’il est bien entouré d’une équipe professionnelle dont la personnalité des membres est juste assez élaborée, il peut conduire son enquête, et le lecteur peut se mettre à y croire. Même si la soupe de ce scénario est faite d’ingrédients aussi disparates qu’une finissante du conservatoire, deux guerres : une froide et une bactériologique, un tyran roumain, une injection d’acide sulfurique au cerveau et un bateau coulé à l’aide d’une tarière pour la pêche sur glace, son fumet et sa saveur sont tout ce qu’il y a d’appétissant.
Et même si à la fin on trouvera peut-être le mobile un peu tiré par les cheveux, au moins ce n’est pas banal et on verra qu’on a mis peu de temps avant de tourner la dernière page.
À quand la traduction d’une autre aventure de l’inspecteur McNeice?