Les terres rares sont essentielles pour plusieurs industries; des téléphones intelligents aux avions de guerre, un grand nombre de machines et d’appareils ont besoin de ces minerais qui sont largement exploités et raffinés en Chine. Une nouvelle étude vient faire la lumière sur les impacts potentiels en cas de pénurie ou de problèmes d’approvisionnement, par exemple si des mines venaient à fermer.
Les chercheurs responsables de ces travaux, liés au Laboratoire national Argonne du département américain de l’Énergie, se sont tournés vers un modèle informatique pour comprendre les effets de tels changements.
La plupart des 17 éléments regroupés sous l’appellation des terres rares ne sont en fait pas rares, mais ils sont difficiles et onéreux à extraire du sol et séparer les uns des autres. Les éléments des terres rares sont essentiels pour plusieurs technologies émergentes, y compris celles qui permettent d’atteindre un avenir énergétique propre; il est ainsi question de néodyme, de praséodyme et de dysprosium, qui entrent dans la fabrication des aimants utilisés par les turbines des éoliennes et les moteurs des voitures électriques. Il est aussi question du gadolinium, qui est présent dans le liquide avalé avant une séance d’imagerie par résonnance magnétique.
Aux yeux du gouvernement américain, ces éléments sont classés comme essentiels en raison de leur importance dans la fabrication de produits qui viennent assurer la sécurité nationale.
Sur le marché, la position dominante de la Chine est indéniable: le pays produit 58% des terres rares et contrôle 85% de la capacité de raffinage de la planète. Les États-Unis, eux, extraient plus de 15% de l’ensemble des terres rares, mais celles-ci sont exportées pour être transformées.
Plusieurs événements importants peuvent avoir un impact sur les stocks de terres rares, y compris des catastrophes naturelles, des grèves ou des lock-outs, des retards de construction, ou encore une pandémie.
Les résultats de l’étude démontrent que certains éléments des terres rares pourraient être particulièrement vulnérables en cas de problèmes. Selon la modélisation informatique, les hausses de prix les plus importantes ont touché l’oxyde de dysprosium, qui entre dans la fabrication d’aimants permanents et d’alliages spécialisés, entre autres. L’oxyde de didyme, qui est un mélange de néodyme et de praséodyme, a aussi tendance à être affecté par les hausses de prix importantes.
En général, l’analyse des chercheurs a révélé que dans le cas d’un scénario temporaire – la suspension des exportations pendant un an et une fermeture de mine pendant deux ans –, les impacts sur les prix avaient tendance à s’étendre sur plusieurs années. Les effets sur la capacité de production et la demande pourraient, eux, durer plus longtemps. Le modèle informatique développé par les scientifiques laisse aussi entendre que certaines mines ouvertes à l’extérieur de la Chine pour répondre à des problèmes d’approvisionnement ne seraient pas en mesure de continuer à fonctionner après un retour à la normale.
L’équipe travaille maintenant à développer davantage leur modèle informatique pour tenir compte des volontés du gouvernement américain de se tourner davantage vers les énergies vertes, ce qui implique une plus grande consommation de ces terres rares. Que se passerait-il si les fabricants n’avaient plus accès à ces minerais essentiels pour construire des éoliennes, ou encore produire les piles utilisées dans une voiture électrique?
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