Un homme, un miroir, et un secret très lourd à porter: l’univers de Jean (Normand Daneau) est bouleversé lorsqu’il apprend que sa mère, avec qui il a coupé les ponts depuis cinq ans, vient de mourir. Et dans le premier long-métrage de fiction du réalisateur Marc Joly Corcoran, les cinéphiles découvrent des choses qui auraient peut-être gagné à demeurer cachées.
Rien n’est facile pour Jean, qui ne semble pas avoir d’amis, n’a certainement pas de copine ou conjointe (ou copain/conjoint), et qui est sur le point d’être saisi par le fisc. Dans ces circonstances, partir du Québec pour aller en Belgique, afin de régler les questions de l’enterrement et de la succession de sa mère ne sont, largement, qu’une façon d’échapper à la dure réalité.
Partagé entre un drame « normal », une superposition de deux époques sous la forme de deux personnages différents et des retours en arrière du point de vue dudit miroir, le long-métrage y va rondement pour présenter ses protagonistes, ses enjeux et, ultimement, sa conclusion. En 80 minutes à peine, la boucle est bouclée, Jean a trouvé un certain réconfort dans le contexte d’un dénouement difficile, et le spectateur pourrait techniquement ramasser son sac de maïs soufflé à demi vide.
Le hic, d’abord, c’est qu’il y a de fortes chances que les cinéphiles voient plutôt l’oeuvre à distance, le couvre-feu n’ayant toujours pas été levé (plus que quelques jours à attendre…), mais ensuite que Le Miroir est trop court pour son propre bien. Seulement 80 minutes, ou 1h20 pour mieux s’y retrouver, c’est bien peu pour développer la psyché des personnages et délier les fils de l’intrigue.
Un peu plus de temps pour voir Jean vivre son deuil permettrait probablement de mieux esquisser leur relation, de voir ce qui a mené aux comportements ayant provoqué leur rupture, ce genre de choses. Et le scénariste aurait eu davantage d’espace pour étoffer les relations entre Jean et les personnages secondaires.
Cela ne veut pas dire que Le Miroir est incomplet. Enfin, pas tout à fait. Mais disons qu’on a quelque peu l’impression de tourner les coins ronds, d’aller rapidement vers une conclusion qui ne pourra qu’être incomplète.