Chaque année, des dizaines de milliers de volontaires en France participent à la collecte de données: oiseaux, papillons, chauves-souris… Nombreuses sont les espèces à propos desquelles on doit en savoir plus sur l’impact de la pollution ou du réchauffement climatique. Pour les programmes de sciences participatives toutefois, il n’est pas toujours simple de composer entre les exigences de la science et les attentes du public.
Selon Laure Turcati, coordinatrice de Lichens GO !, il est possible de trouver un juste milieu: « il faut trouver où placer le curseur entre un protocole simple et ludique mais dont les données seront peu quantitatives, et un protocole pointu et potentiellement rébarbatif mais dont les résultats pourront être exploités », expliquait-elle la semaine dernière au 88e congrès de l’Acfas.
Lichens GO ! est un programme français qui étudie les lichens poussant sur les arbres en ville. « Les volontaires peuvent participer à toutes les étapes de la recherche s’ils le souhaitent », depuis la formulation du problème jusqu’à l’interprétation des résultats, en passant par la collecte des données. Par exemple, certains volontaires ont demandé à simplifier le protocole de comptage des lichens, et à mettre en place une clé pour les aider à les identifier.
Les programmes s’efforcent également de donner à leurs participants une rétroaction, de répondre à leurs attentes et de limiter leurs frustrations. Ainsi, chez Vigie-Nature, il existe un programme de recherche participative au sein des écoles, auquel ont participé 319 classes dans toute la France en 2019-2020. Les enseignants ont demandé d’aller au-delà de la collecte de données afin d’amener les élèves à réfléchir de façon plus globale, en comparant par exemple les données recueillies entre les différentes écoles. En réponse, explique Anne Dozières, coordinatrice chez Vigie-Nature, « nous avons mis en ligne un outil permettant de centraliser les données récoltées par les classes et de mener des tests statistiques sur l’ensemble de la base des données ». Les élèves peuvent alors proposer des hypothèses et les tester eux-mêmes, analyser les tendances et en tirer des conclusions.
La recherche participative bouscule l’image du scientifique seul dans sa tour d’ivoire, en permettant à tout un chacun de se lancer dans l’aventure de la production de savoir. Au point où, chez Vigie-Nature depuis 2003, les données collectées par le public ont été utilisées dans 20 publications scientifiques, sur les 145 publiées par l’organisme.