Les boissons énergisantes transformeraient les jeunes en boules d’énergie incapables de se concentrer en classe, avancent certains parents et enseignants. Le Détecteur de rumeurs a vérifié.
L’origine de la rumeur
Les boissons dites «énergisantes» renferment de la caféine, des plantes (guarana, qui contient de la caféine en forte concentration, ginkgo biloba, échinacée…) et une haute teneur en sucre, dans le but de stimuler l’énergie et de combattre la fatigue. À ne pas confondre avec les boissons à électrolytes ou pour sportifs de type Gatorade, conçues pour remplacer rapidement l’eau et les électrolytes éliminés par la transpiration lors d’un exercice intense.
Les faits
Une revue de littérature publiée en 2016 montre que la consommation de boissons énergisantes par les moins de 18 ans est associée à une gamme d’effets négatifs comme des maux de tête, des palpitations, de l’insomnie, et de comportements à risque comme une consommation plus élevée d’alcool, de tabac et de drogue. Par contre, les travaux portant spécifiquement sur les effets de ces boissons sur l’hyperactivité sont peu nombreux.
Parmi eux, un examen des articles publiés entre janvier 2010 et octobre 2016 indique que la consommation de boissons énergisantes est associée notamment à l’augmentation des symptômes d’hyperactivité et d’inattention chez les adolescents, à la consommation d’alcool et aux comportements à risque.
Une étude réalisée en 2015 à l’Université Yale s’est pour sa part penchée sur la consommation quotidienne de boissons énergisantes par des élèves âgés de 11 à 14 ans. Elle conclut que le risque d’hyperactivité et d’inattention augmenterait de 14 % pour chaque boisson énergisante consommée en une journée. Les enfants qui buvaient ces boissons étaient 66 % plus à risque de présenter des symptômes du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), comparés à ceux qui déclaraient ne pas en boire.
Les boissons sucrées
Dans les années 1980, quelques petites études d’observation avaient montré un lien statistique entre les consommations de boissons sucrées et le risque de TDAH. Dans la décennie suivante, d’autres études sont arrivées à des résultats contraires. Ainsi, en 1995, une méta-analyse rassemblant 16 études concluait que le sucre n’a pas d’effet sur le TDAH de la plupart des enfants, mais pourrait peut-être affecter certains groupes. Très peu d’études ont été menées sur le sujet depuis.
Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour comprendre les mécanismes derrière l’association entre les boissons sucrées et les symptômes d’hyperactivité et d’inattention.
La caféine
La caféine étant un stimulant, sa présence dans les boissons énergisantes pourrait être le facteur clef derrière l’hyperactivité.
Une revue à l’échelle européenne publiée en 2014 par des chercheurs de l’Organisation mondiale de la santé cite nombre de symptômes associés à une consommation élevée de caféine, notamment des palpitations, une pression artérielle élevée, des nausées, des vomissements et des convulsions. Mais nulle trace d’hyperactivité.
Il n’en est pas plus question dans l’enquête en ligne menée en 2015 par l’Université de Waterloo auprès de 2055 Canadiens âgés de 12 à 24 ans. Un peu plus de 55 % des consommateurs de boissons énergisantes ont déclaré avoir subi au moins un effet indésirable, contre 36 % des buveurs de café. Parmi les consommateurs de boissons énergisantes, 25 % avaient eu des battements de cœur rapides, 24 % des difficultés à dormir, 18 % des maux de tête, 5 % des nausées et vomissements et 3,6 % des douleurs thoraciques.
La caféine des boissons énergisantes pourrait cependant accentuer les effets secondaires cardiovasculaires des médicaments que prennent les enfants atteints de TDAH, rapporte la Société canadienne de pédiatrie. En fait, la Société déconseille la consommation de boissons énergisantes par les enfants et les adolescents.
Verdict
Bien qu’en théorie, le sucre et la caféine soient deux ingrédients susceptibles de contribuer à l’hyperactivité, très peu de données probantes permettent d’affirmer qu’ils ont cet effet. D’autres études seront nécessaires pour en faire la preuve. On sait toutefois que le sucre a d’autres effets délétères sur la santé. Il favorise notamment le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires.
Un commentaire
Une étude et un bulletin financé par les industries c’est plausible???