Racontant les péripéties de Yan Faucher, un adolescent qui, un an après sa mort tragique, revient à la vie sous la forme d’un zombie, Mort et déterré mélange horreur, aventure et humour pour produire une série qui plaît autant aux jeunes qu’aux adultes, et Pieuvre a eu le plaisir de s’entretenir avec ses deux créateurs, l’auteur, Jocelyn Boisvert et le dessinateur Pascal Colpron.
Ma première question est pour Jocelyn Boisvert… Comment t’est venue l’idée de Mort et déterré?
Jocelyn Boisvert : À la base, Mort et déterré c’est un roman qui a vu le jour il y a treize ans. C’est un roman qui m’a pris quatre ans à écrire, parce que je voulais faire une série, et mon éditeur était plus ou moins séries à l’époque. Il voulait savoir où je m’en allais avec mon histoire de zombie, et il m’a obligé à tout écrire le roman. J’ai eu le temps d’avoir deux enfants pendant l’écriture de ce roman-là! Donc, ça fait dix-sept ans que cette histoire m’habite. J’ai eu cette idée-là en regardant un film de zombies comme on en voit beaucoup de nos jours. Je voyais un cadavre revivre, sortir de terre et je me suis dit « Je ne comprends pas pourquoi ils sont si méchants les zombies. Il me semble que si c’était moi le cadavre, puis que je pouvais sortir de mon trou, je serais vraiment plein de gratitude, et très heureux de revoir la lumière du jour, et de revoir mes proches ». C’est vraiment parti de cette idée-là, puis je me suis dit « Je pense que je tiens quelque chose ».
Y’a-t-il beaucoup de différences entre le roman et la bande dessinée?
Jocelyn Boisvert : Vraiment beaucoup. C’est sûr que c’est la même histoire, mais le roman est sorti il y a treize ans, et je ne l’ai pas relu pour adapter la bande dessinée, parce que je ne voulais pas faire une adaptation vraiment collée sur le roman, parce que peut-être que ça aurait fait trop de pages, trop de cases. Donc, je voulais repartir sur des nouvelles bases. Je connaissais bien mon histoire aussi, donc, je ne voulais pas me limiter, et je voulais faire des changements, mais des changements vraiment significatifs. Par exemple, le héros ne meurt pas de la même façon. C’est déjà énorme. Et quand tu changes une chose, il y a comme un effet domino forcément, tout le reste se met à changer, et je suis très content parce que là, on est en train de travailler sur le tome trois, et ça n’a absolument plus rien à voir avec le roman, on part complètement dans une autre direction.
Il y a beaucoup de zombies dans la BD, de iZombie à Zombillénium, sans oublier The Walking Dead. Qu’est-ce qui, selon vous, explique l’immense popularité des morts-vivants dans la bande dessinée et dans la culture populaire en général?
Pascal Colpron : Je crois que, surtout à la lumière de ce que George Romero a commencé à faire dans ses films dans les années 1960, c’est que, le zombie, c’est un miroir. C’est un miroir de nos angoisses, de nos angoisses par rapport à l’autre, à l’être humain, à l’étranger, et c’est souvent utilisé comme métaphore. Quand on regarde des fictions, on y trouve dans le fond un miroir de nos peurs, de nos angoisses. Ce sont des choses qui ne sont pas réfléchies, qui résonnent chez nous, sans trop savoir pourquoi. Alors, je crois que, si les zombies, ça marche autant, c’est que ça répond à des questions inconscientes chez les gens. Quand on regarde un film, comme quand on lit une bande dessinée d’une certaine manière, mais surtout quand on regarde un film, on fait un rêve éveillé. C’est une expérience commune. Les films qui marchent, a posteriori, on se dit « Ah, c’était un bon film », mais c’est parce que dans le fond, ça rejoint, chez un grand bassin de gens, des préoccupations. Chaque film de zombie étant associé à son époque, en filigrane, on a toujours un commentaire social… Dans le film de Romero, on voit qu’il traite du racisme. Le personnage de couleur noire est le seul survivant à la fin, et il se fait tirer par une milice qui chassait des zombies. On a des époques parodiques, par exemple Le retour des morts-vivants dans les années 1980, et puis on a des époques qui réactualisent le récit, comme avec 28 Days Later, qui suivait une tradition. Il y avait des zombies qui couraient vite dans Return of the Living Dead, mais je veux dire, on parlait de la société en filigrane. Donc, ça devient une espèce de vecteur pour raconter des histoires… Là, je vais passer la puck à Jocelyn, parce qu’il a sûrement quelque chose de très intéressant à dire là-dessus, mais je pense que, nous, on prend le contrepied de ça, avec l’histoire de Mort et déterré.
Jocelyn Boisvert : Oui. On essaie d’ajouter notre pierre à cet énorme édifice-là… Et puis, écoute, ta réponse était assez complète quand même, Pascal (rires). J’essaie d’ajouter quelque chose, mais je ne sais pas nécessairement quoi… Ce qu’il serait intéressant de voir, c’est si Romero n’avait pas fait son fameux film, qu’est-ce qui serait arrivé? Est-ce qu’on aurait pu passer à côté de cette vague-là de zombies? C’est quoi les films clés qui font en sorte qu’aujourd’hui, c’est si populaire les zombies? C’est vrai que c’est présent, c’est partout… Des fois, on me pose la question « Mais vraiment Jocelyn, des zombies, c’est pas complètement éculé, t’as pas trouvé d’autres idées que ça? », puis moi, je me défends en disant « Non, attends un peu, ça fait dix-sept ans que j’ai eu cette idée-là », et si on recule de dix-sept ans, c’était quand même populaire les zombies, mais c’était pas la folie comme aujourd’hui.
Oui, mais même en regard d’aujourd’hui, et même si les zombies sont très exploités, vous apportez beaucoup de nouveauté au genre quand même…
Pascal Colpron : Merci.
Jocelyn Boisvert : Oui, merci beaucoup. C’est aussi qu’on ne traite pas tant de zombies comme le cinéma nous l’a montré, c’est vraiment très intériorisé comme voyage. C’est de dire « Si moi, ça m’arrivait »… C’est vraiment ça que j’ai fait. Si moi, je devenais un mort-vivant, je serais sûrement un mort-vivant sympathique (rires). J’imagine. Mais j’aurais des petites rancœurs, j’aurais mes frustrations. C’est de poursuivre l’aventure humaine à travers cette espèce d’événement-là, de défier la mort, de dire oui, si la vie après la mort était possible, ça ressemblerait à quoi, mais fait avec beaucoup beaucoup d’humanité, sur les relations d’amitié, les relations familiales… Et c’est là que ça devient, à mon avis, plus intéressant aussi.
Pascal Colpron : Je pense qu’on fait quand même un certain hommage. On s’éloigne du récit de zombie, mais malgré tout, on fait des clins d’œil. On reconnaît l’existence du fait « zombies », parce que Yan existe dans un monde où les zombies existent au niveau culturel. Donc, à ce moment-là, les gens réagissent face à lui comme si c’était un zombie, avec leurs propres peurs et leurs préjugés. Ce n’est pas comme un récit d’anticipation qui se déroule dans un autre univers. Ça se passe dans une petite ville du Québec, même si elle est fictive, dans un quotidien réaliste, avec des personnages qui ne sont pas des morceaux de carton, qui ne sont pas unidimensionnels. Ils ont des préoccupations, des dilemmes, des vies à eux-mêmes. C’est sûr qu’on tire un récit de ça, donc, on a pas le choix de combiner des choses, mais ça reste qu’on veut placer ça dans un monde réel, y compris les référents culturels de zombies.
Comment en êtes-vous venus à collaborer ensemble sur la bande dessinée? Est-ce que c’est l’éditeur qui vous a mis en contact, ou est-ce que vous vous connaissiez avant?
Pascal Colpron : On se connaissait déjà avant. En fait, j’ai assisté Marc Delafontaine, Delaf, sur trois tomes des Nombrils, et puis, pendant ce temps-là, j’ai fait aussi des couvertures de romans de Jocelyn… Après ça, je passe la puck à Jocelyn pour raconter le mariage (rires)…
Jocelyn Boisvert : C’est vraiment Marc, Delaf, qui est un ami d’enfance… Il savait que je voulais faire de la BD depuis très longtemps, mais je n’en avais pas vraiment l’occasion. Son éditeur voulait publier d’autres Québécois. Il a demandé à Marc « Ça serait qui ton tandem idéal? », puis Marc, sans hésiter, a dit « Je pense que c’est Jocelyn et Pascal. Ces deux-là, je les verrais ensemble, ils ont des univers qui, je pense, se marieraient assez bien ». Je me suis dit « Bon, OK, on va essayer de partir ça ». J’ai sorti trois idées de BD. Il y avait Mort et déterré, parce que c’était vraiment un espèce de rêve de longue haleine que j’avais, de faire une adaptation en BD, mais au cinéma aussi, et en série télé. Je pense que ça avait vraiment beaucoup de potentiel. Avec Marc, on a parlé des idées, des forces, des faiblesses et tout. C’est sûr que Mort et déterré était plus développé, puisque que j’en avais écrit un roman de 400 pages, donc, je connaissais plus mon histoire. J’ai juste fait un pitch de deux pages, pas très long. J’ai appelé Pascal en premier de toute évidence (rires), pour lui dire « Hey Pascal, ça t’intéresses-tu, on s’essaye, et on verra ce que ça donnera ». C’est toujours un peu une bouteille qu’on lance à la mer, on ne sait pas ce qui va arriver… Les projets, c’est un peu comme ça. Je pense que l’idée du zombie gentil, ça a piqué la curiosité de l’éditeur, il a dit « OK, c’est relativement nouveau, la manière que vous le traitez, ça m’intéresse ». Il connaissait le travail de Pascal, et on avait bourré ça d’images pour dire « Le gars est très très talentueux ». Après ça, il a dit « Écoutez les gars, c’est super, maintenant, montez un dossier ». Donc là, ça été un petit peu plus compliqué, parce qu’il fallait écrire, travailler sans être payé, sans avoir de garanties aussi que le projet serait accepté, et puis on a réalisé quatre pages, dont deux en couleurs, je pense.
Pascal Colpron : Non, c’était la première seulement qui était en couleur dans mon souvenir…
Jocelyn Boisvert : Oui, la première, ça se peut oui, la première était en couleur, puis je pense que les dernières étaient peu plus esquissées ou quelque chose comme ça, mais en tout cas, c’était vraiment une belle séquence. C’était la séquence du cimetière dans le premier tome, où Alice revoit Yan, elle vient avec son jeu de Ouija et tout. Je trouvais que c’était une séquence qui montrait bien le ton de la BD. On sentait le petit côté années 1980, l’influence des films traduits en français que j’écoutais quand j’étais jeune. C’est sûr que ça a énormément alimenté toute cette histoire-là. Ça reste une histoire d’ados à quelque part. Donc, ça a été un processus assez long, mais ça a fonctionné. On a pris le temps de faire les choses comme il faut, et là, on est rendus au tome trois, qui est fort avancé.
C’est une histoire qui vise les adolescents, même si, en tant qu’adulte, j’ai eu beaucoup de plaisir à la lire. Est-ce que c’est difficile de trouver l’équilibre quand on fait de l’horreur pour les jeunes et qu’on aborde des thèmes quand même adultes?
Jocelyn Boisvert : Je ne me pose pas trop cette question-là. Je pense que je suis resté encore assez adolescent malgré mes 47 ans. Dans ma tête, j’ai de la misère à vieillir un peu (rires)… Je l’ai écrit pour moi l’histoire. Je suis conscient qu’il y a une limite à ne pas franchir, parce que je ne veux pas perdre mon public. Je sais que ça plaît aux plus jeunes, mais ce que je veux à tout prix, c’est du tout public. Je veux que ça plaise aux adultes tout autant, et que ça me plaise à moi… Une chose pour moi qui est importante dans cette histoire-là, c’est que ça soit vraiment imprévisible. Je veux convier le lecteur à un voyage qu’il n’a pas fait mille fois dans d’autres films ou dans d’autres trucs… Quand j’ai écrit le roman, je me souviens que c’était le seul objectif que je m’étais donné. Je me suis dit « Il faut absolument que ce soit imprévisible ». Donc, si dans l’écriture, je vois les choses venir, et que je me dis « Ouais, c’est comme évident que je m’en vas là »… Par exemple, à la fin du roman, j’avais une fin un peu plus conventionnelle, puis j’ai vraiment créé un événement très choc. On m’a dit que j’allais peut-être perdre des lecteurs à cause de ça, parce que c’était intense, mais je me suis dit « Il faut que je le fasse ». C’est ça Mort et déterré. Un peu comme la vie est imprévisible, on peut mourir à n’importe quel moment, et je voulais que ça transparaisse dans la série de bandes dessinées.
Au niveau du dessin, est-ce que ça a pris plusieurs versions avant d’arriver au bon niveau de décomposition pour Yan, pour qu’il soit assez zombifié, mais pas trop repoussant?
Pascal Colpron : Oui, j’avais ces préoccupations-là en tête… Je pense que ça a toujours été clair dans notre tête dès le départ que si on faisait une série pour Dupuis, ça serait une série tout public, et qu’il faudrait qu’on équilibre les choses pour trouver vraiment le sweet spot, pour que ce soit ni trop horrifiant, mais ni trop bonbon non plus. La première version de Yan, celle que j’ai faite pour l’essai dont Jocelyn parlait tantôt, était différente de la version qu’on a dans les albums maintenant. C’était une première version qui m’avait plu, puis qui a plu visiblement aussi à l’éditeur, mais je n’étais pas tout à fait satisfait encore. Il avait les cheveux plus courts, le visage un peu plus rectangulaire, il avait la mâchoire déboitée, des dents qui sortaient… Il était un peu plus grotesque, mais il avait la même attitude, le même type corporel… Puis comme beaucoup de choses passent par le visage, je travaille énormément les expressions faciales, j’ai réalisé à un moment donné que cette approche-là était peut-être un petit peu trop typée, puis je me suis rappelé de bouquins que j’avais lus. La plupart du temps, plus tu simplifies un design, plus il devient projectif, puis plus les gens ont tendance à s’attacher à ce personnage-là. Dans le fond, ça me donnait une piste de solution, que j’ai gardée dans ma tête. Je n’ai jamais arrêté d’esquisser Yan. Mettons, que j’allais dîner au restaurant avec ma famille, là, je prenais l’arrière du napperon, je le dessinais… Des fois, on esquisse dans un état où la réflexion est évacuée. Moi j’appelle ça « être dans ma zone ». À force de dessiner, t’arrives dans ta zone, puis tu ne réfléchis plus consciemment à ce que tu fais si tu veux. C’est là que ça sort le mieux, de manière plus synthétisée. Puis, pouf!, là, j’avais dessiné une version un peu différente de Yan. J’ai regardé ça, et puis j’était comme « Ah, oui, OK, là, je tiens quelque chose de plus ». Ses cheveux étaient plus ébouriffés, plus longs, sa mâchoire déboitée était disparue, et au lieu de passer sur l’axe vertical, son visage était plus large sur l’axe horizontal. Ça lui donnait un air un peu plus félin. Les yeux étaient aussi gros, mais je les avais bâtis différemment, puis je me suis dit « On a notre Yan ». Il restait à le raccorder à la version vivante, ça a été une autre paire de manches, parce qu’on peut le voir sur la couverture du premier tome. Il y a quand même une sacrée différence entre la version zombie et la version humaine, mais, j’ai essayé quand même de le raccorder pour que ça soit plausible, sans que ça soit nécessairement trop réaliste.
Dans la bande dessinée aussi, j’ai eu beaucoup de plaisir à noter toutes les références. À un certain moment, Yan a un chandail d’E.T., dans la chambre de son ami, on voit des posters de Dawn of the Dead, Re-Animator, House… Est-ce que les références viennent de Jocelyn, ou sont placées au dessin par Pascal?
Jocelyn Boisvert : C’est vraiment un mix des deux. Le début du tome deux, c’est carrément l’affiche de House, avec le doigt sur la sonnette. C’est un film qui m’intéresse assez peu en fait (rires), mais comme on est des jeunes de clubs vidéo… J’ai passé ma jeunesse à traîner pendant des heures et des heures dans les clubs vidéo, à regarder les pochettes, fait que c’est vraiment dans mon inconscient, mon imaginaire, tout ça… Je voulais mettre ces choses-là, et moi et Pascal, on a le même background donc, Pascal a tout de suite compris ce que je voulais faire, puis, très généreusement, il en rajoute, pour mon plus grand plaisir.
Pascal Colpron : Je suis exactement comme Jocelyn par rapport aux clubs vidéo. Nous-autres, dans notre petite ville, on avait un club vidéo, puis j’étais aussi en pâmoison devant les pochettes, j’étais fasciné… Je ne sais pas si Jocelyn en a regardé beaucoup, mais moi j’ai plongé là-dedans pas mal, les films d’horreur, puis je trouve qu’ils ont tous un petit peu leur charme, mais je pense que l’histoire de Mort et déterré, en général, a des belles vibes des années 1980. Pas seulement par les posters auxquels on fait référence, mais par le type d’aventure, un peu imprévisible. Moi, je trouve que ce que Jocelyn a écrit, ça ferait un bon film des années 1980, parce que justement, un peu comme Ghostbusters, comme E.T., c’est des histoires où tu ne sais jamais où ça s’en va, mais ça reste enraciné dans l’expérience humaine de base. Ghostbusters, c’est l’aventure de gens qui veulent partir une compagnie, mais dans un contexte où les fantômes existent, puis les gens ne sont pas sûrs… Je pense que c’est un peu ce qui fait que je tripe sur l’histoire de Jocelyn, de la manière qu’il l’a écrite. Je me suis dit « Il ouvre le chemin de même, moi je suis ». Et donc, j’ajoute.
Jocelyn Boisvert : En fait, je pense que c’est une histoire qui m’aurait fait triper complètement quand j’étais préadolescent. J’ai tripé sur les Goonies, ou E.T. et tout ça. J’ai tellement aimé ces films-là, mais tellement fort, qu’à quelque part, c’est mon hommage à moi, ma façon de dire « J’ai le goût de faire une histoire de même ». Puis ma créature à moi, ça va être un zombie, ça va être un jeune sympathique qui meurt… Ça permet aussi de parler de la mort, puis en parlant de la mort, on peut vraiment parler de la vie aussi, de la beauté du monde, des joies d’être vivant et tout ça. Ça nous donne un super tremplin pour parler de plein, plein, plein de choses.
Présentement, vous travaillez sur le tome trois de Mort et déterré… Combien de tomes sont prévus?
Jocelyn Boisvert : On ne le sait pas encore, en fait (rires). Là, on attend le feu vert des éditeurs pour un tome 4, 5 et 6, sur lesquels j’ai commencé à travailler. Pas à temps plein, un peu comme Pascal qui dit « Quand on va au restaurant… ». Je ne savais pas d’ailleurs que t’avais amené Yan Faucher au restaurant avec toi (rires)… Je trouve ça sympathique… J’ai commencé, le quatrième est plutôt avancé, dans la mesure où je sais exactement ce qui va se passer, mais on attend le feu vert des éditeurs avant de vraiment se lancer pour un deuxième cycle, là. Si on a le « go », on va vraiment faire 4, 5 et 6, et après ça, pourquoi pas d’autres… Moi, je n’ai pas envie de m’arrêter, mais je ne sais pas exactement où je m’en vais. C’est une bonne chose des fois de ne pas savoir puis de se laisser surprendre, surtout que, ça se fait sur des années tout ça. Dans deux ans, peut-être que j’ai le temps d’avoir plein de belles idées, et de savoir vraiment comment ça va se terminer, un peu comme l’écriture d’une série télé. Donc, je ne sais pas combien il y aura de tomes. L’avenir nous le dira.
Oui, parce que l’histoire peut aller plus loin que celle du roman, c’est un personnage et un univers qui sont très porteurs…
Jocelyn Boisvert : Oui, vraiment.
Pascal Colpron : Il y a surtout un très grand mystère aussi. Là, Jocelyn, tu l’as dans ta tête, et je sais que tu cherches à te surprendre toi-même, mais on pose les bases dans le premier cycle de quelque chose d’assez fantastique. Dans le fond, je ne vendrai pas de punch, parce que le tome trois est assez révélateur, mais on pose des indices, puis on pose en fait un grand mystère, à savoir « Comment ça se fait? »… Même le personnage lui-même se pose cette question-là dans le tome deux quand il prend sa douche. Il se regarde et il se demande « Comment ça se fait que je ne suis pas mort ». Il y a des vers de terre dans le drain de la douche. « Comment ça se fait que je ne suis pas mort, je me suis fait tirer deux fois par un policier », il se pose toujours ces questions-là…
Jocelyn Boisvert : Mais forcément. Si ça nous arrivait, on se poserait la question, « Comment ça je ne suis pas mort? Pourquoi mon esprit est resté vivant? »
Pascal Colpron : Il y a une part de l’histoire dans le tome trois qui vient développer le mystère, qui vient le complexifier et le lancer dans d’autres directions… Donc, on a un fil conducteur qui permettrait, pour autant que ça inspire Jocelyn, d’étirer cette histoire-là, d’en faire une saga. Je disais ça à Jocelyn à un moment donné en riant, mais qu’est-ce qui empêche, on a un personnage pratiquement immortel…
Jocelyn Boisvert : Yan Faucher in space…
Pascal Colpron : C’est ça (rires). Il pourrait devenir un être humain qui explore l’espace. On ne sait jamais…
Jocelyn Boisvert : On peut aller très loin…
Pascal Colpron : Oui. Aller dans la veine du fantastique, dans le fantastique assez réaliste, le réalisme magique pour reprendre un terme à la mode, mais, je veux dire, on a un personnage qui est porteur d’après moi, et qui pourrait aller très très loin dans nos délires, en autant que ça nous inspire…
Mort et déterré, tome 1 : Un cadavre en cavale, de Jocelyn Boisvert et Pascal Colpron. Publié aux éditions Dupuis, 48 pages.
Mort et déterré, tome 2 : Pas de quartier pour les macchabées, de Jocelyn Boisvert et Pascal Colpron. Publié aux éditions Dupuis, 48 pages.
Un commentaire
il serait vraiment intéressant si aurai une suite a la BD Mort et déterré tome 3 .