À mesure que la politique devient de plus en plus polarisée, une nouvelle étude révèle que les gens exagèrent souvent les différences politiques et les sentiments négatifs des gens se trouvant de l’autre côté du fossé politique, et que cette perception erronée peut être réduite en les informant à propos des sentiments véritables de ces « adversaires ».
Les travaux répliquent une étude précédente réalisée aux États-Unis, en indiquant que le phénomène peut être généralisé dans 25 pays.
La recherche a été menée par le Dr Kai Ruggeri, professeur adjoint de politiques en matière de santé et de gestion à l’Université Columbia, et reprend une étude de 2020 réalisée à l’Université Harvard. Les plus récents travaux sont publiés dans Nature Human Behaviour.
La première étude s’appuyait sur cinq scénarios politiques (comme par exemple l’interdiction des dons politiques anonymes ou le fait de changer le nom donné à une autoroute régionale), où un groupe propose un changement législatif ou politique qui pourrait désavantager l’autre parti politique (les démocrates ou les républicains).
Les nouveaux travaux ont copié des tests provenant de la recherche précédente, histoire d’en vérifier les résultats auprès de 10 207 participants, tout en suivant la méthodologie originale aussi précisément que possible, et en adaptant les divisions de groupe et les scénarios en fonction du contexte politique pour chaque pays concerné.
Par exemple, au Canada, les chercheurs ont demandé aux participants de répondre à des propositions de changements à la façon dont les circonscriptions sont définies; au Soudan, les participants se sont prononcés sur des changements liés au calcul des tarifs sur l’eau.
Selon M. Ruggeri, « notre étude offre des preuves que les gens de partout dans le monde surestiment les sentiments négatifs de leurs opposants politiques, alors qu’en fait, ceux-ci sont souvent bien moins négatifs que les perceptions que nous avons à propos de ce groupe. Ces interprétations erronées ont de vraies conséquences, qui vont de la polarisation aux conflits entre groupes, en plus de trames narratives de plus en plus agressives dans les médias traditionnels et en ligne ».
« S’il existe évidemment des différences entre les croyances et les actions de partis politiques opposés, particulièrement dans des dossiers bien connus comme le port d’arme ou l’accès à des soins de santé liés à la reproduction, leurs opinions sur des sujets moins mentionnés sont souvent plus similaires qu’on ne le pense. Les conclusions de notre étude portent à croire que le fait de se concentrer sur des questions sans les transformer en dossiers partisans, tout en offrant également des représentations justes des convictions des groupes, peut directement réduire l’exagération de la polarisation », ajoute-t-il.
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