À chaque chose, malheur est bon? La pandémie de COVID-19 aura déclenché un débat international sur les priorités à adopter dans le contexte de la relance économique pour sortir de la crise. Ainsi, à travers les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, une bonne partie de la population réclame des transformations fondamentales des systèmes économiques, voire une refonte complète, selon une nouvelle étude du Pew Research Center.
Le coup de sonde révèle que cet appétit pour des modifications est à son maximum en France, où 70% des répondants jugent que l’Hexagone doit procéder à des changements majeurs, voire réformer complètement son économie. Ce point de vue évoque la mobilisation majeure des gilets jaunes, qui a débuté avant la pandémie, où les gens se réclamant de la classe ouvrière, ou encore de la classe moyenne, affirmaient que l’État avait cessé de vouloir répondre à leurs problèmes économiques et sociaux.
La crise avait été déclenchée par la volonté du gouvernement d’imposer notamment une nouvelle taxe sur le carburant, un geste considéré comme une nouvelle attaque contre les habitants ayant besoin de leur voiture pour se déplacer ou aller travailler.
Dans les trois autres pays inclus dans l’enquête, la moitié des personnes sondées réclament des changements similaires, alors qu’environ 40% jugent plutôt que seuls des changements mineurs sont nécessaires.
Et sans surprise, les gens jugeant que la situation économique est mauvaise dans leur pays sont davantage portés à estimer que des changements majeurs, voire complets, sont essentiels.
Cinq politiques à mettre en place
Pour évaluer les opinions des sondés, les chercheurs du Pew Research Center ont proposé cinq politiques économiques publiques qui pourraient avoir un impact sur la relance post-COVID-19. Toutes ont généralement obtenu l’approbation d’une majorité des répondants, à l’exception de l’idée de hausser les impôts des mieux nantis, bien que là encore, les opinions varient largement en raison du pays, et qu’il ne s’agisse que d’une évaluation des gens jugeant ce projet spécifique comme étant « très important ».
Idem pour la possibilité d’instaurer un revenu minimum universel, l’option généralement la moins populaire. La proposition consistant à augmenter les sommes accordées aux moins bien nantis est légèrement mieux acceptée. Pour l’idée de construire davantage de logements sociaux et abordables, le taux d’approbation continue de grimper, même si les principaux partisans de cette démarche se trouvent au Royaume-Uni et en Allemagne, à l’opposé des Français et des Américains.
Tous les sondés semblent toutefois s’entendre, dans une fourchette allant de 61 à 76% d’appui, sur le fait qu’il est « très important » que l’État crée davantage d’emplois, en plus d’offrir plus de formations pour les travailleurs.
Enfin, faut-il prévoir de mieux encadrer les entreprises? Au pays du « rêve américain », l’idée déplaît à la moitié des sondés, qui considèrent le tout comme « mauvais pour la nation ».
Chez les Britanniques, les Français et les Allemands, toutefois, la moitié des répondants affirment plutôt que ce serait « une bonne chose ». Et les gens situés plus à droite de l’échiquier politique, sans grande surprise, sont davantage opposés à des règles supplémentaires pour l’économie.
Malgré la crise, au moins la moitié des sondés, dans chaque pays participant, jugent avoir au moins « une bonne chance » d’accroître leur niveau de vie (le sondage a été réalisé en novembre et décembre de l’année passée).
Aux États-Unis et en France, ce sont les femmes qui font le plus preuve d’optimisme en la matière. Et les riches, eux aussi, jugent davantage que les pauvres que la chance leur sourira après la pandémie.