On a fait grand cas, avec raison, des espions impliqués dans le contexte de la Guerre froide, qu’ils soient liés à l’Occident ou à l’URSS, ou encore à leurs alliés respectifs. On a moins parlé des civils, ceux qui ont accepté de servir de « mules » pour transporter des informations secrètes, et qui se sont parfois retrouvés coincés dans l’engrenage. Voilà qui est chose faite, avec The Courier.
Le long-métrage, réalisé par Dominic Cooke, qui signe ici son deuxième long-métrage, après une longue carrière au théâtre et un premier film, On Chesil Beach, sorti en 2017 et fort bien accueilli par la critique, met principalement en vedette Benedict Cumberbatch, qu’il n’est certainement plus nécessaire de présenter.
Ce dernier se glisse dans la peau de Greville Wynne, un homme d’affaires anglais qui s’est véritablement trouvé à transporter des informations secrètes pour le compte de l’Ouest, avant d’être emprisonné pendant plusieurs années, avant d’être finalement libéré et de vivre le reste de sa vie dans l’obscurité.
Comme dans tout film qui le met en vedette, il y a toujours un risque que Cumberbatch, eh bien, joue du Cumberbatch. Cela vaut bien entendu pour la série Sherlock, où la personnalité du personnage principal devenait si détestable que l’acteur en est probablement ressorti éclaboussé par cette orgie d’autocongratulation, mais l’homme ne donnait pas non plus sa place dans les films de l’univers des Avengers où on pouvait le voir interpréter Doctor Strange.
Cela étant dit, Greville Wynne demeure fort heureusement un homme effacé, discret, et surtout effrayé par les risques encourus pendant une bonne partie du film. Il faudra en fait attendre son arrestation par les forces soviétiques pour voir émerger ce « Cumberbatch sur les stéroïdes » qui finit toujours par agacer un peu.
Et donc, que penser de ce Courier? L’avantage de s’assurer une certaine légitimité historique en accolant le scénario à une certaine réalité historique est quelque peu nullifié par cette même démarche, qui confine M. Wynne à demeurer dans les coulisses de l’histoire. Le fait que l’on s’intéresse à un banal homme d’affaires vient aussi nuire à la dimension « héroïque » de l’affaire. Point de fusillades ou autres scènes d’action dans ce Courier, qui demeure malgré tout un bon long-métrage. Simplement, on n’aura pas droit à l’équivalent d’un bon Le Carré, par exemple. À garder en tête.