Le constat est tout sauf rassurant: selon le plus récent rapport sur l’état de la population mondiale, produit par le Fonds des Nations unies pour la population, à peine la moitié des femmes vivant dans des pays en développement ont leur mot à dire en ce qui concerne leur santé physique, leur capacité de recourir à des moyens de contraception, ou encore d’accepter ou non d’avoir des relations sexuelles.
Le document, publié la semaine dernière, lève le voile sur l’ampleur des problèmes sociaux qui touchent encore quelque 57 pays en développement, où ces enjeux sont bien souvent combinés à des problèmes d’instabilité politique, économique, ou encore médicaux, notamment en raison de la pandémie de COVID-19.
Intitulé Mon corps m’appartient – Revendiquer le droit à l’autonomie et l’autodétermination, le rapport stipule que « des millions de personnes sont privées de leurs droits, dont celui de refuser d’avoir des relations sexuelles, celui de choisir leur conjoint(e) ou encore celui de décider du moment pour avoir un enfant ». « Priver les femmes et les filles du droit de disposer de leur corps est inacceptable », martèlent ainsi les auteurs du document.
Toujours selon ces derniers, la femme aura généralement davantage la possibilité d’utiliser des produits ou méthodes de contraception, mais lorsque vient le temps d’accepter ou non des relations sexuelles, l’homme obtient alors un « avantage » et dispose d’un pouvoir décisionnel de loin plus important.
Les résultats compilés par l’organisation onusienne démontrent par ailleurs que la situation des femmes est plus avantageuse dans les pays en développement d’Asie du Sud-Est ou d’Amérique latine et des Caraïbes qui ont été examinés dans le cadre de l’étude. Les pays de l’Afrique subsaharienne, eux, traînent en fond de palmarès, les pays d’Afrique centrale affichant le pire bilan en ce sens.
De fait, c’est au Mali, au Niger et au Sénégal que la situation des femmes est la pire qui soit, avec environ 10% des représentantes du sexe féminin qui peuvent prendre leurs propres décisions en matière de santé, de relations sexuelles et de contraception, révèle le rapport.
Toujours selon le palmarès (qui regroupe aussi certains pays du Moyen-Orient, comme la Jordanie, ou encore d’Europe de l’Est, comme l’Albanie et l’Ukraine), c’est l’Équateur qui obtient les meilleurs résultats: là-bas, une moyenne de 87% des femmes peuvent prendre leurs propres décisions en vertu des trois indicateurs évalués par l’ONU.
Autre problème pour les organisations sociales, les militants, ou encore les gouvernements qui souhaiteraient changer les choses, « le fait de réaliser des investissements dans les programmes ou services d’une dimension ne se traduit pas nécessairement par des changements positifs dans les autres dimensions. En effet, les tendances évoluent souvent dans des directions différentes », souligne le rapport.
À qui la faute?
Qu’est-ce qui empêche les divers pays de la planète d’offrir aux femmes le libre-choix pour l’ensemble des dimensions évaluées dans le cadre du rapport? Les auteurs affirment que trois facteurs pourraient influer sur cette situation.
D’abord, « les tabous persistants au sujet de la sexualité qui, accentués par les normes et les attitudes sociales, ne laissent aux femmes et aux adolescentes que peu de possibilités de parler ouvertement de sexualité avec leurs partenaires ou leurs maris ».
Ensuite, « les systèmes patriarcaux qui perpétuent des rapports de force inégaux dans les relations, où les exigences sexuelles des hommes priment celles des femmes ». Dans certains pays, écrivent les auteurs du rapport, « certaines femmes renoncent à leur droit de refuser des relations sexuelles en échange d’une plus grande autonomie dans d’autres sphères de leur vie, comme la prise de décisions pour le ménage ou la décision de sortir ou non du foyer ».
Enfin, « des études qualitatives indiquent que les femmes peuvent également se soumettre aux exigences sexuelles des hommes en échange d’une plus grande indépendance pour leurs projets financiers et personnels ».
Les Nations unies visent toujours l’égalité entre les sexes d’ici 2030, en vertu d’un engagement international pris depuis plusieurs années.
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