Avec «Chopin 24 Préludes-Andante Spinato & Grande Polonaise Brillante, le pianiste québécois Charles Richard Hamelin signe son 8e album chez Analekta et le quatrième en solo. Il s’agit d’un enregistrement dont chaque plage mérite d’être écoutée pour elle-même et non comme une partie d’un tout.
Par exemple, le Prélude numéro 8 est empli de vagues douces ou puissantes qui nous bercent et nous enivrent alors que le rythme volontairement lent du 15e prélude nous amène plutôt sur le sentier du retour à la maison, quand on n’est pas pressé de rentrer parce que le coucher du soleil est trop beau.
Dans la Grande Polonaise, l’éventail des nuances est complet. Les accords plaqués le sont d’une façon plus qu’affirmée comme nous le font entendre la plupart des interprètes, mais c’est cette pluie de petites notes délicates qu’on retient surtout. On peine alors à croire que le pianiste touche véritablement le clavier : il semble plutôt le survoler du regard et produire ces sons si délicats par la seule force de la pensée.
Après l’écoute de cet album, je m’attendais à pouvoir dire : Voilà, c’est bien le son, c’est bien la manière de Charles Richard Hamelin. Mais il n’en est rien. Je ne crois pas qu’on puisse dire cela de cet homme qui m’apparaît beaucoup plus inspiré aujourd’hui que lorsque je l’ai entendu en concert pour la première fois, il y a quatre ou cinq ans. À l’époque, j’avais remarqué beaucoup de vélocité, une sensibilité certaine et un usage un peu trop important de la pédale forte, et cela, tout au long du concert. Avec cet enregistrement, on a l’impression que Richard Hamelin envisage chaque prélude comme une œuvre en soit. Pas de rythme uniforme, pas de pédale omniprésente, pas de manière ou d’estampille CRH: chacune de ses interprétations semble être une « œuvre originale ».
Il n’y a pas à dire, Charles Richard Hamelin gagne en maturité et son auditoire ne peut que s’en réjouir. Espérons que la liste de ses enregistrements avec Analekta s’allongera.
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