Célébrant la diversité culturelle à travers une série de courts récits, la bande dessinée Immigréalité de Nick Micho vise à sensibiliser les lecteurs d’ici sur les différents défis que rencontrent les personnes immigrant au Québec.
En réduisant substantiellement les seuils d’immigration, en jetant aux poubelles quelque dix-huit mille dossiers en attente, en imposant un « test des valeurs » ou en réformant le Programme de l’expérience québécoise pour rendre l’accès à la citoyenneté encore plus difficile pour les nouveaux arrivants, le gouvernement de la CAQ a jeté un éclairage négatif sur les immigrants depuis qu’il est au pouvoir, les présentant plus souvent comme un problème qu’une richesse. Dans ce contexte, il est plus vital que jamais de redonner un visage humain aux personnes quittant leur pays d’origine pour venir s’installer ici, et c’est précisément le but de la bande dessinée Immigréalité, un album publié par la MRC de la Matapédia.
Immigréalité rassemble de courts témoignages recueillis par Nick Micho au fil de rencontres, d’échanges et de discussions avec des personnes immigrantes. On y retrouve l’histoire de Kofi, un natif de la Côte d’Ivoire se remémorant ses longues démarches dans l’avion qui l’amène au Canada; celle d’Anisah, partie du Maroc pour venir rejoindre son mari travaillant au Québec et qui, parce que ses compétences ne sont pas reconnues ici, devra prendre un emploi qu’elle n’aurait jamais accepté chez elle; celle de Sebastian, un travailleur agricole saisonnier passant la moitié de sa vie loin de ses proches au Mexique pour assurer leur bien-être, ou encore celle de Katia, dont l’amoureux a quitté Singapour pour s’installer dans la Belle Province.
Les récits ne font que de quatre à dix pages, ce qui ne permet pas vraiment d’approfondir les expériences de chacune de ces personnes, mais réunis, ils offrent un portrait des différentes facettes de l’immigration. Intitulé « Les humains ne migrent pas tous par choix », le cinquième et dernier chapitre de l’album est assurément le plus informatif. Ce texte d’Annie Demers Caron parle des réfugiés fuyant la guerre ou la persécution, des différences pour les immigrants choisissant de s’installer en ville ou en région, et apporte quelques idées afin que les citoyens québécois puissent contribuer à leur protection, que ce soit à travers le parrainage privé ou l’implication dans des organismes communautaires œuvrant pour l’inclusion de ces personnes dans nos communautés.

Le travail graphique du bédéiste matapédien Nick Micho dans Immigréalité n’est certainement pas aussi peaufiné et abouti que ses illustrations d’icônes du heavy metal qui l’ont fait connaître. Ses images aux traits gras sont brutes et naïves, et il s’appuie davantage sur la coloration que son coup de crayon pour donner de la profondeur à ses dessins. Pour créer de la texture et des ombres, Micho trace parfois une surabondance de lignes, qui finissent par ressembler davantage à des gribouillages denses, et ses personnages ne sont pas toujours consistants d’une case à l’autre. Même si j’ai personnellement été peu séduit par son style visuel, ses planches possèdent quand même un certain charme, et sa maîtrise technique ne peut que s’améliorer s’il persévère dans ce domaine, ce qu’on lui souhaite.
Malgré quelques maladresses au niveau de l’exécution, Immigréalité est un album rempli de bonnes intentions, et une lecture essentielle pour mieux comprendre la réalité des personnes immigrantes. En plus, il ne vous en coûtera rien pour y jeter un coup d’œil puisque la version numérique est disponible gratuitement ici.
Immigréalité, de Nick Micho. Publié aux éditions MRC de la Matapédia, 44 pages.
2 commentaires
Le lien ne semble plus actif pour la version numérique du livre. Merci!
Bonjour. C’est possible que le lien ait changé de place, puisque l’article a été publié il y a plus d’un an et demi. Je vous conseille de contacter le site de La Matapédia (https://www.lamatapedia.ca/). Ils devraient pouvoir vous renseigner sur le nouveau lien pour télécharger la bande dessinée. Merci! Bonne journée.