Que se passe-t-il vraiment dans nos rêves? Pour Sarah Dunn, dont la vie semble alterner entre journées moroses et sans éclat, et des nuits apparemment peuplées de cauchemars qui font en sorte qu’elle n’est jamais vraiment reposée, la possibilité de participer à une étude sur le sommeil semble être une voie vers des nuits enfin satisfaisantes. Mais le film d’horreur Come True a d’autres idées en tête…
Réalisé et scénarisé par Anthony Scott Burns, et d’abord présenté dans le cadre de la plus récente édition du Festival Fantasia, à Montréal, le long-métrage explore un univers qui a déjà été abordé au cinéma, mais jamais nécessairement de cette façon précise. On se rappellera, en effet, que la série Nightmare on Elm Street, notamment, établit un pont entre la réalité bien éveillée et le monde du rêve.
Cette fois, cependant, point de Freddy Krueger aux mains ornées de lames acérées, mais plutôt un sentiment persistant de malaise, ou encore une tension constante. C’est que l’étude à laquelle participe Sarah, en compagnie d’autres personnes, a véritablement pour but d’analyser les images perçues par le cerveau durant le sommeil, histoire de faire la lumière sur une mystérieuse figure sombre aux yeux de braise.
Come True a des allures de rêve éthéré: on y avance lentement, doucement, dans une sorte de pénombre, ou plutôt un brouillard persistant. Bien entendu, le côté visuel du film a été particulièrement bien travaillé pour créer cette atmosphère de rêve éveillé. Outre ces teintes de bleu et de noir, la quasi-totalité du film semble provenir d’une période englobant la fin des années 1980 et le début des années 1990: architecture brutaliste, écrans cathodiques à basse définition où l’on voit le rafraichissement de l’image, costumes semblant sortir de TRON dans lesquels dorment les participants de l’étude, lumières néon… même les lunettes du chercheur en chef semblent tout droit sorties des années 1980.
Tout cela est fort agréable, et on progresse lentement, en compagnie des acteurs, à la découverte de ce mystérieux phénomène. Qui est cet homme dont on ne voit que la silhouette et les yeux brûlants? Pourquoi se retrouve-t-il dans les rêves de plus d’une personne? Que se passe-t-il, exactement, dans le cadre de cette étude?
Le hic, hélas, c’est que Come True semble se « peinturer dans un coin », si l’on peut se permettre cette expression. À force d’échafauder un scénario relativement plausible, mais assez complexe, on en vient à égrener les minutes et à se demander comment le scénariste va conclure toute cette histoire. Et si l’on évitera de donner trop de détails, on atteint malgré tout un point où le cinéphile peut s’estimer légèrement floué par une fin qui pourrait certainement être qualifiée d’abracadabrante.
Non pas que cela fasse en sorte que Come True soit perçu comme un mauvais film. Mais force est d’admettre qu’on s’attendait à quelque chose de plus concret. Avis aux intéressés, dans ce cas: le réveil pourrait être quelque peu décevant.