La pandémie aura profondément transformé le secteur de la vente au détail. Privées de consommateurs en magasin en raison des confinements, les entreprises se sont massivement tournées vers les achats en ligne, quand elles avaient l’occasion de le faire. Selon une récente étude de spécialistes liés au magazine The Economist, cet aspect de la vente au détail devrait ainsi venir à représenter le cinquième de toutes les ventes mondiales d’ici 2025.
Les données présentées dans le cadre de l’étude sont claires: les ventes en ligne auraient crû de 32% en 2020 seulement, pour atteindre un total de 2600 milliards de dollars américains à l’échelle planétaire, alors que le marché de la vente au détail dans son ensemble encaissait un recul de 2%.
« Après une année record de ce genre, la croissance va inévitablement ralentir en 2021, mais les détaillants en ligne ne lâcheront pas aisément le terrain gagné », écrivent également les spécialistes, avant de souligner qu’une bonne partie des mesures de confinement et de distanciation sociale demeureront en place pour la majorité de l’année 2021, notamment en raison de l’incertitude à propos de la distribution des vaccins contre la COVID-19, ainsi que l’émergence de nouveaux variants du SARS-CoV-2, le virus qui cause la maladie.
« De plus, l’amélioration des conditions de magasinage en ligne et de la livraison à domicile ont rendu le tout attrayant pour bien des consommateurs, qui continueront de se tourner vers ces options, même lorsqu’il sera de nouveau possible de se rendre en personne dans des magasins », indique encore l’étude.
D’où cette prédiction d’une part de marché de 20% pour le commerce en ligne d’ici 2025, comparativement à 10,3% en 2019.
Cette croissance, écrit-on, sera principalement alimentée par deux facteurs. D’abord, les marchés en émergence: « La pandémie a aidé à combler le fossé entre les marchés asiatiques et nord-américains, et démontré que les premiers sont plus résilients. Au-delà de l’Asie, il y aura des possibilités d’expansion au Moyen-Orient et en Amérique latine, où la vente en ligne a connu une forte croissance en 2020, mais où la plupart des marchés sont encore entre les mains de joueurs désorganisés », croient les experts de The Economist.
Ensuite, la livraison de nourriture et de commandes d’épicerie: toujours au dire des spécialistes, alors que les dépenses des consommateurs ont reculé de près de 4% à l’échelle mondiale, les dépenses pour de la nourriture et des boissons ont quand même crû de 5%. C’est d’ailleurs l’achat de l’épicerie en ligne qui devrait demeurer la part la plus importante des dépenses en ligne au cours des prochaines années. « Du moins jusqu’en 2023, où les dépenses non liées à l’alimentation recommenceront à prendre du mieux. »
Risques à l’horizon
Malgré des perspectives de croissance importante au cours des prochaines années, les détaillants offrant du commerce en ligne ne sont pas l’abri de possibles risques, écrivent les spécialistes.
De fait, la concurrence est particulièrement rude, et pour offrir de la livraison gratuite ou des rabais importants visant à convaincre les consommateurs de se tourner vers un magasin en particulier, il faut généralement avoir les reins assez solides, ce qui signifie aussi devoir encaisser des pertes financières.
Plusieurs pays, dont le Canada, imposent aussi des taxes lors de la vente de produits en ligne, y compris lorsque les achats sont effectués à l’étranger. Ces droits de douane, notamment, pourraient décourager des consommateurs qui paieraient possiblement plus cher pour un produit à l’étranger qu’en l’achetant ici, auprès d’un autre détaillant.
Autre danger dont il faut tenir compte: les pirates informatiques veillent au grain, et une fuite de données est si vite arrivée. Les bandits numériques peuvent alors s’emparer d’informations personnelles, y compris des données de paiement, ce qui pourrait non seulement ouvrir la porte à des poursuites, mais aussi carrément décourager les consommateurs de faire de nouveau confiance à l’entreprise.
The Economist évoque aussi la question des relations de travail: embaucher des milliers d’employés, comme Amazon l’a fait pour répondre à la demande, doit normalement aussi venir avec des conditions de travail décentes. Sinon, c’est la grève, les démissions en masse ou le boycott qui guettent.
Enfin, les entreprises devront s’assurer de développer des méthodes de production et de transport durables, et ainsi réduire leurs émissions polluantes. Le côté « vert » est bien perçu par les consommateurs, mais ceux-ci en paient souvent aussi le prix.
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