La folle cavale de Jacques Ramirez, le meilleur expert en aspirateur que le monde ait jamais connu, se poursuit de plus belle dans le deuxième tome de la délirante bande dessinée Il faut flinguer Ramirez.
Muet mais capable de réparer un AV 700 les yeux bandés, Jacques Ramirez est une véritable star à la compagnie d’aspirateurs Robotop. Lorsque deux membres du cartel de Paso Del Rio se rendent un beau jour à la succursale de Falcon City pour une simple réparation de leur appareil défectueux, ils aperçoivent l’employé vedette derrière le comptoir. Convaincus que ce dernier est en fait un légendaire assassin ayant jadis trahi leur organisation, ils alertent leur patron. Pourchassé à la fois par une flopée de tueurs à gages mexicains et par la police de l’Arizona, qui le soupçonne d’être responsable de l’explosion des locaux de la Robotop causée par une fuite de gaz, le pauvre Ramirez se voit forcé de prendre la fuite en compagnie de deux séduisantes criminelles ayant volé sa voiture après un braquage de banque.
Après avoir entretenu l’ambigüité quant à savoir si son personnage principal était un assassin futé ayant trouvé la couverture idéale ou un simple réparateur d’aspirateur victime d’une grave erreur sur la personne, le rocambolesque premier tome de Il faut flinguer Ramirez s’est conclu sur l’apparition du dangereux tueur avec lequel Jacques a été confondu, soit son père Diego. Dans ce second acte, l’improbable héros poursuivra sa cavale, trimballant sous son bras le prototype du Vacuumizer 2000, le seul modèle fonctionnel du nouvel appareil surpuissant que s’apprêtait à lancer la Robotop, et tandis que les cadavres s’accumulent dans son sillage, le patriarche des Ramirez tentera de convaincre son fils de reprendre « l’entreprise familiale », et proposera de lui enseigner les ficelles du métier.
Aussi exubérant qu’un film d’action des années 1980, Il faut flinguer Ramirez conjugue violence graphique et humour pour créer une bande dessinée iconoclaste, où l’incompétence totale des flics, les fusillades, les poursuites effrénées, les raclées à coup de pare-chocs de voiture et les explosions épiques s’agrémentent de clins d’œil à la culture populaire. Les deux fugitives accompagnant Jacques Ramirez se feront par exemple faire de faux papiers aux noms des actrices de Thelma & Louise, et au lieu de Guns N’ Roses, on a droit au fameux groupe rock Tulips N‘ Rifles. Les dialogues sont aussi particulièrement savoureux. Le présentateur de nouvelles ira jusqu’à déclarer en ondes : « À l’heure où je vous parle, cela fait huit fois que je répète en boucle les mêmes informations, et croyez-moi, je n’en ai aucune autre… ».
À mi-chemin entre le style visuel d’un anime japonais et celui des écrans de chargement de Grand Theft Auto, les illustrations de Nicolas Petrimaux dans Il faut flinguer Ramirez sont splendides et vibrantes. Non seulement ses angles de vue sur l’action sont toujours intéressants, mais à des années-lumière du traditionnel gaufrier, ses cases explosent dans tous les sens, créant des compositions graphiques très dynamiques. Comme dans le premier volume, il insère plusieurs fausses publicités dans ses pages (dont celle du Maxi Bidosh Ultrachiz de Bobby Z Burger, qui va au-delà des capacités digestives du corps humain avec ses 860 grammes de graisse), mais pousse la formule encore plus loin cette fois-ci, avec des affiches de films parodiant Beverly Hills Cop ou Robocop, ainsi que plusieurs pages du faux magazine Voili-Voilou et son entrevue avec Pete Ballman, l’acteur qui bat le record des têtes d’affiche avec pas moins de huit sorties de films simultanées.
Si Tarantino avait choisi la bande dessinée plutôt que le cinéma, le résultat ressemblerait probablement beaucoup à Il faut flinguer Ramirez, et on ne peut que recommander chaudement la lecture de ce petit bijou, dont on attend impatiemment le troisième acte.
Il faut flinguer Ramirez – Tome 2, de Nicolas Petrimaux. Publié aux éditions Glénat, 192 pages.
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