La chose est connue: l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’économie mondiale a été massif. Et si certaines entreprises et leurs propriétaires se sont largement enrichis à la suite des différentes vagues de contamination (et de confinement), la classe moyenne, elle, a été purgée de millions de personnes qui se sont retrouvées dans un état de pauvreté, révèle une nouvelle étude du Pew Research Center.
L’effet est facile à quantifier, en un sens: en janvier 2020, la Banque mondiale tablait sur une croissance de l’économie planétaire de l’ordre de 2,5% pour l’année. En janvier dernier, l’institution évoquait plutôt une contraction de 4,3%, soit une différence de 6,8 points de pourcentage.
L’analyse du Pew Research Center avance que 54 millions de personnes ont été exclues de la classe moyenne en raison des impacts économiques de la pandémie. Pire encore, on compterait quelque 131 millions de pauvres en plus, des suites de la récession mondiale.
Le plus gros de la vague a été constaté en Asie du Sud et en Asie de l’Est, ainsi que la région du Pacifique, disent les experts, en plus de stopper net le développement économique constaté dans ces parties du monde au cours des années précédant l’éclatement de la crise sanitaire.
Les critères employés pour évaluer l’appartenance des populations aux groupes de citoyens à faible revenu, appartenant à la classe moyenne et appartenant à la classe aisée sont toutefois différents en fonction des pays. Ainsi, l’analyse des chercheurs du Pew Research Center s’appuie sur la définition suivante: les gens vivant dans la pauvreté gagnent moins de 2$ par jour, tandis que ceux faisant partie de la « classe moyenne » ont un salaire allant de 10,01$ à 20$ par jour. Les « riches », quant à eux, gagnent plus de 50$ par jour. Bien entendu, dans les économies développées, ces paliers sont tout à fait différents, souligne-t-on dans l’étude. Ainsi, à 20$ par jour, un Américain moyen est considéré comme étant pauvre.
Cela étant dit, le nombre de personnes gagnant plus de 50$ par jour aurait ainsi chuté de 62 millions, l’an dernier, ce qui a fait disparaître près de la moitié des gains réalisés depuis 2011, avec la plupart des changements survenant justement dans les économies développées. De leur côté, la classe moyenne a perdu quelque 36 millions d’adhérents, tandis que le groupe des plus pauvres a gonflé de 21 millions de personnes.
Alors que la pandémie fait toujours rage, avec une deuxième, voire parfois une troisième vague de contaminations, on compterait ainsi 1,32 milliard de personnes membres de la classe moyenne, contrairement aux prévisions de 1,38 milliard pour 2020.
Mais qu’est-ce qui explique, surtout, la hausse marquée du nombre de personnes pauvres? Pour les analystes du Pew Research Center, cela est imputable au fait que bien des gens vivaient tout juste au-dessus du seuil de la pauvreté, avec des revenus de 2 à 3$ par jour, soit 877 millions de personnes en date de 2017. Et donc, indique l’étude, il n’était pas surprenant que ces gens risquent de tomber ou retomber dans la pauvreté, « particulièrement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne ».
Gains… et reculs
Au cours des années 2010, pourtant, la pauvreté avait largement reculé un peu partout dans le monde, alors que la classe moyenne avait gagné quelque 500 millions de nouveaux membres, pour passer de 899 millions à 1,39 milliard d’individus entre 2011 et 2019. L’impact de la pandémie aurait fait disparaître une année de croissance de cette tranche de la population mondiale, soit environ 54 millions de personnes.
La classe la plus pauvre de la population, elle, avait rétréci à peu près au même rythme où grandissait la classe moyenne, soit de 49 millions de personnes par année pendant la même période, pour un total de 691 millions de personnes en 2019, comparativement à 1,1 milliard en 2011. « En ajoutant 131 millions de pauvres, la pandémie a fait disparaître plusieurs années de progrès de la lutte contre la pauvreté, et le taux de pauvreté mondial serait passé de 9%, en 2019, à 10,4%, en 2020 », indiquent encore les experts.
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La pandémie, une double crise économique pour les pays pauvres?