Au tournant des années 2000, la série Stronghold a comblé bien des amateurs, avec son savant mélange de gestion économique et de stratégie militaire. Les gens de chez FireFly Studios ont tenté, avec Stronghold: Warlords, de reproduire cette magie, mais en transposant le cadre du titre à l’est. Finis les chevaliers, voici les seigneurs de guerre asiatiques.
Il est toujours complexe de marcher dans les traces de classiques, et encore plus difficile de tenter de se démarquer de l’original – ou, dans le cas qui nous préoccupe, des originaux, Crusader une « suite » se déroulant au Proche-Orient, ayant aussi marqué les esprits –, tout en rendant hommage au titre qui a inspiré la déclinaison contemporaine.
Voilà pourquoi Warlords reprend les mêmes concepts qui avaient assuré le succès des premiers titres: la nécessité de bien gérer son économie, avec un équilibre à trouver entre le besoin de récolter de l’argent auprès de sa population, recruter des soldats, fournir les ressources naturelles nécessaires à la construction de bâtiments (notamment), l’épuisement graduel de certaines de ces ressources, et la nécessité de produire suffisamment de nourriture pour non seulement son armée, mais aussi pour sa population civile. Car sans ce bonheur des troupes au front et chez soi, impossible de livrer bataille. Ou tout simplement de prospérer.
En plus de tout cela, on trouve généralement un ou plusieurs ennemis dont il faudra triompher, que ce soit en envoyant simplement une horde de soldats mal équipés, ou en mettant plutôt sur pied une armée plus sophistiquée, ce qui nécessitera du temps, de l’argent, des ressources, des bâtiments spécialisés, etc.
À l’instar du premier titre de la série (notamment), et de plusieurs autres jeux de stratégie, Warlords souffre du problème consistant à forcer le joueur à soit connaître exactement ce qui se déroulera durant sa mission ou son scénario, ou à multiplier les actions de façon minutieuse et précise pour parvenir à mettre sur pied une structure militaro-économico-industrielle suffisante pour être en mesure de non seulement résister aux attaques qui ne manqueront pas de survenir, mais aussi de disposer d’une force de production permettant de contre-attaquer sans délai et d’écraser son adversaire. Le tout, idéalement, en se protégeant derrière d’épaisses murailles avant de lancer l’assaut final.
Heureusement, Warlords met aussi de l’avant une nouvelle mécanique qui représente une bouffée d’air frais: les seigneurs secondaires, ces fameux seigneurs de guerre, qu’il est possible de « conquérir » par la diplomatie, l’économie, ou carrément de subjuguer avec une armée. Ce faisant, le titre se transforme: ce n’est plus seulement un « simulateur de château », ou encore un jeu militaro-industriel, mais un jeu de gestion politique dans le cadre duquel il sera évidemment nécessaire de faire parler les armes, sans toutefois laisser de côté la question plus subtile des alliances, des jeux d’influence et des pressions subtiles ou flagrantes.
Est-ce suffisant pour régler tous les problèmes du titre? Car problèmes il y a, à commencer par cette représentation graphique qui aurait été tout à fait d’actualité il y a une dizaine d’années. Non pas que cela nuise au jeu ou au plaisir que l’on peut en retirer, mais quitte à jouer sur la nostalgie, pourquoi ne pas en revenir à la vue isométrique des premiers titres? Ici, FireFly propose plutôt une vue en trois dimensions qu’il est possible de faire pivoter. Ironiquement, cette « modernisation » donne l’impression de ne pas être à sa place. À un point tel, en fait, que l’on passera généralement plusieurs missions sans changer l’orientation de la carte, sinon pour mieux placer un bâtiment.
Rendons à César ce qui lui revient: Warlords est un jeu efficace, bien rodé, avec des mécaniques intéressantes, et, surtout, un peu de neuf injecté dans une franchise qui semblait un peu à bout de souffle. Cela étant dit, le fait de justement tenter de relancer un univers vidéoludique bien établi comporte sa part de risques, et puisque Warlords s’avère être un bon jeu, mais sans vraiment révolutionner quoi que ce soit, il est possible que les habitués du genre y trouvent une certaine satisfaction, sans peut-être, toutefois, retrouver la passion du tout premier titre.
Pour les néophytes, cependant, Warlords est un excellent moyen de s’initier à cet univers de gestion militaro-industrielle.
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Stronghold: Warlords
Développeur et éditeur: FireFly Studios
Plateforme: Windows (Steam)
Jeu disponible en français